Après l'effort le réconfort !

Le jeune homme s'était installé sur un banc. Il était fatigué de sa nuit. Une nuit productive où il avait cambriolé un très bel appartement. Il avait dut escalader trois balcons et s'était même éraflé l'avant bras gauche en glissant sur une rambarde. Il avait eut plus peur que de mal, mais avait noté dans un coin de sa tête de se procurer de meilleurs chaussures. Mais il était plutôt content de lui. Il avait réussit à refourguer tous les objets à son contact et à en tirer un très bon prix. Ils auraient de quoi vivre pour quelques semaines encore. Mais qu'est ce que l'internat de son frère était cher, heureusement que celui ci avait une bourse. Mais l'hyperactivité de son autre frère n'aidait pas vraiment sa famille non plus. Et voilà qu'il se retrouvait épuisé sur ce banc à a peine 22 ans. Parfois il avait l'impression d'avoir des siècles. Combien d'autres jeunes de son age ressentait ce genre de chose ? Il aurait aimé le savoir pour se sentir moins seul.

Oui aujourd'hui la solitude lui pesait. Il aimerait bien avoir un pote. Mais est ce que ça serait prudent ? Si son secret était découvert il risquait de finir en taule, c'était pas rien. Et puis est ce qu'il pourrait être tout à fait honnête avec un pote ? Et s'il ne l'était pas est ce que ça ne serait pas mal ? Torturé par toutes ces idées, notre petit Tanuki soupira sur son banc. Le soleil brillait fort aujourd'hui et lui piquait un peu les yeux. C'est pour ça qu'il rabattit un peu son chapeau sur son visage pour s'en protéger. Bon un pote c'était peut-être trop demandé. Mais au moins ça lui changerai d'avoir une conversation avec un être humain et pas le chien ou le chat de la personne qu'il cambriole.

Il faisait vraiment beau aujourd'hui, heureusement qu'il ne serait pas sa cravate contre sa gorge sinon il aurait crevé de chaud. Il se demandait si les hommes qui travaillaient en costumes avaient la climatisation. C'est sur cette pensé très philosophie qu'il repéra un marchant de glace. Il faisait chaud, c'était les vacances, il était littéralement cerné par des enfants. Akihiko avait bien besoin de se rafraichir lui aussi, alors il alla se mêler aux enfants. Il avait l'impression d'être grand au milieu d'eux, ce qui était plutôt rare pour lui. Il attendit patiemment son tour avec les petits et puis :

"Une glace au chocolat s'il vous plait... Est ce que vous avez des vermicelles de toutes les couleurs pour mettre dessus ?"

"Une glace au chocolat s'il vous plait... Est ce que vous avez des vermicelles de toutes les couleurs pour mettre dessus ?"

Voilà ce que venait de dire ce que je décidai de nommer "l'homme vert". Je l'avais observé depuis un moment et pour une fois cela n'était pas du à cette bizarrerie au fond de mon âme. Il n'y avait pas d'images d'horreurs. Rien de tout cela. Il fallait dire que mon imagination avait eu le temps de faire son tour avec mon travail. Je revoyais les catastrophes vivre de nouveau à travers ma conscience. Je les voyais les voitures en morceau aux vitres brisées, le capot défoncé, le sang de l'être qui était à l'intérieur couler le long des parois de son véhicule, la chair chaude laissant échapper une odeur insupportable au nez humain. Il y avait également les incendies où les flammes dansaient comme des divinités grecs. Lorsque je collectais des informations ou écrivais je prenais toujours garde de ne pas laisser ma passion s'exprimer à travers les lignes. Ce n'était pas tous les jours simples de porter un masque afin de paraître le plus normal possible. Non pas simple du tout. Le plus complexe était de passer inaperçu car mes regards insistants me trahissaient souvent. Malgré mon air maussade quotidien et mes imperfections j'étais reconnu dans mon travail. Je n'étais peut-être pas le meilleur et je ne cherchais pas à l'être mais je parvenais à atteindre les exigences. On me disait que j'avais une bonne plume bien que j'allais trop dans le dramatique...Je ne trouvais pas spécialement. Enfin il était mieux dans ce monde de ne contredire personne. L'essentiel était que je n'étais pas si loin de la transparence. Mes collègues me parlaient à peine parce qu'ils sentaient un je-ne-sais-quoi qui leur donnaient l'alerte: "ne pas parler à cet être. Il n'est pas humain. C'est un monstre. Et les monstres n'ont rien à faire ici" devaient-ils se dire en me voyant. Moi aussi je les analysais et suffisamment pour faire un article sur chacun d'eux.

Bref, revenons à cet homme qui commandait sa glace parmi la horde d'enfants. Il m'intriguait car je voyais quelque chose d'indescriptible rôdait autour de lui. Bien sûr cette chose était invisible et il me semblait que j'étais le seul à la sentir. Cet homme était traqué par un fantôme. Pourquoi moi ? Pourquoi devais-je voir ces éléments étranges que je ne comprenais pas moi-même ? J'avais sans doute une grave maladie mentale...Pourtant mon instinct me trompait que très rarement. Celui-ci avait l'air bien plus épuisé qu'une personne normale. Son visage reflétait comme une sorte de fatigue éternelle. C'était comme s'il avait appris à dormir debout, comme s'il ne dormait jamais. Ses cernes étaient spectaculaire à mes yeux. J'aurais aimé pouvoir cumulé des cernes aussi parfaites. Celles d'un personnage capables de veiller n'importe quand. Je sortis mon calepin afin de prendre quelques notes au cas où un jour j'aurais l'occasion de tomber sur lui. Oh oui, un jour ce type ferait parler de lui et je serais le premier reporter sur la piste. Du moins je ferais tout pour. Je me cachai parmi la foule sur la Grande Place attendant que la glace lui soit servi. Je comptais entrer en scène de façon banale. Vous savez ces scènettes dignes d'un film hollywoodien, bon, sans le regard amoureux qui indiquerait un soit-disant coup de foudre. Il n'y avait rien de plus bidon au monde soit dit en passant.

Une fois qu'il obtint sa glace et commença à s'éloigner je me décidai de gâcher ses vermicelles. Je me mis à courir en faisant mine d'être stressé par un retard éventuel. Je pris soin de regarder ma montre à plusieurs reprises afin de donner de la crédibilité à mon action. Puis je rentrai dans cet homme de plein fouet. J'enfilai mon masque invisible: c'était un masque de fausse panique, de fausse désolation pour avoir tâcher cet homme de sa glace. Adieu les vermicelles avais-je envie de lui dire. Je m'exclamai presque aussitôt en m'agitant:

- Oohh Je suis désolé ! Quel imbécile ! On m'a toujours dit de regarder devant moi mais j'aime n'en faire qu'à ma tête. Puis ce rendez-vous...Y'a de quoi stresser un max !, dis-je en tentant d'entrer en conversation avec lui.

Je continuai à faire semblant d'être angoissé par ce qu'il venait de se passer faisant comme-ci je reprenais ma respiration après avoir couru longtemps. Je m'appuyai légèrement sur le mur en espérant que ma mise en dialogue avec lui avait été un succès. C'était mon unique moyen de comprendre qui était cet homme et pourquoi une ombre invisible le suivait ainsi. Je me forçai à sourire:

- Laissez-moi vous donner un mouchoir pour essuyer tout ça !, ajoutai-je en m'inclinant à plusieurs reprises.

Je sortis un mouchoir de ma poche et lui tendis avec le plus beau sourire que je pouvais offrir. Et croyez-moi mes possibilités étaient minimes. Avec tous ces gestes superflus j'espérai avoir sa sympathie, qu'il me répondrait "c'est pas grave". Dans le cas contraire il serait difficile d'entamer un quelconque échange avec lui.

Akihiko avait reçut sa glace pleine de vermicelle de toutes les couleurs. Il en était très content. Il avait travaillé dur cette nuit et cette glace était sa récompense avant de rentrer chez lui et d'aller se coucher pour se reposer. Il l'avait bien mérité. Il retournait d'ailleurs vers son banc pour la déguster tranquillement lorsqu'un inconnu lui rentra en plein dedans. La glace s'était étalé sur sa chemise comme s'il avait fallut beurrer une tartine. Akihiko en était dégouté, elle était si bonne... Et maintenant elle était toute gâchée. Sans parler de la tache qu'il avait sur sa chemise. Maintenant il ne pouvait pas rentrer chez lui sans se faire remarquer, sa mère saurait qu'il en avait mangé une, et surtout son petit frère qui l’étriperait très certainement pour avoir été mangé une glace sans lui...

- Oohh Je suis désolé ! Quel imbécile ! On m'a toujours dit de regarder devant moi mais j'aime n'en faire qu'à ma tête. Puis ce rendez-vous...Y'a de quoi stresser un max !

Le jeune tanuki était plus qu’irrité par cette malencontreuse aventure. Mais on lui avait apprit à être poli, de plus c'était dans sa nature. Alors s'il était irrité, ça ne regardait que lui.

- Laissez-moi vous donner un mouchoir pour essuyer tout ça !

Akihiko pris le mouchoir pour s’essuyer, il se rendit compte qu'il avait oublié le siens à la maison. Il s'essuya, mais la tache ne partait pas... Sa mère et son frère n'allait pas le louper...

"Merci, ce n'est pas grave."

Akihiko avait jeté sa glace en miette, une bonne partie était tout de même tombé à terre et après avoir tout nettoyé au mieux il s'assit sur le fameux banc. Dire qu'a quelques secondes près il aurait été sauvé... Il soupira doucement et remarqua que l'homme était toujours là.

"Vous n'aviez pas rendez vous ?"

Peut-être attendait-il son mouchoir, Akihiko lui rendis donc. C'était vrai qu'il aurait apprécier avoir une conversation, mais privé de sa glace il était un peu maussade, et puis l'homme avait un rendez vous stressant de tout façon.

"Bonne chance."

Ce n'est qu'a ce moment là qu'il regarda réellement l'homme, et qu'il remarqua qu'il avait une sacré balafre sur la tronche.

Au départ je fus surpris par la réaction de mon interlocuteur: je m'attendais à le voir sur les nerfs prêt à m'envoyer sur les roses malgré mon air presque inoffensif. Mais rien de tout cela se déroula. Celui-ci avait préservé son calme et je ne savais comment. J'eus presque de la sympathie pour son sang-froid bien qu'intérieurement il pensait tout autrement. Mon mouchoir n'arrangea rien à la situation: sa tâche avait prise une autre proportion et commençait à s'imprimer soigneusement sur ses vêtements. La seule chose qui pouvait encore l'arrêter c'était un bon coup de machine à laver bourré de lessive. D'une certaine façon j'étais déjà conscient du résultat: j'avais tendu ce tissu par politesse. Bref je restai figé en l'observant. Cette scène me faisait penser à un drôle de paradoxe: je me demandais s'il aurait été moins tolérant si j'étais quelqu'un de sa connaissance. J'avais toujours remarqué qu'on était bien plus tolérant avec un étranger qu'avec une personne de son entourage. Bonne conduite y obligeait. Cependant c'était paradoxal, le contraire me semblait plus logique. Le monde devait fonctionner à sa manière...Dans tous les cas je ne percevais pas en lui un sourire sincère ou hypocrite, ni l'un ni l'autre. Il avait agi presque comme un automate. Je crois que c'était ça le plus surprenant. Ce fut comme s'il n'avait rien d'humain. Pourtant j'avais la certitude inexplicable qu'il était bel et bien en chair et en os comme moi. Sans doute mon instinct d'être humain sous-développé.

J'étais tellement fasciné par mon idée que j'en oubliais la stupidité de mon excuse du rendez-vous. Quelle autre raison allais-je devoir trouver pour rester auprès de ce homme sans qu'il ne se pose trop de questions ? Je voulais comprendre les fantômes autour de lui. Celui-ci se présentait comme une énigme que je ne pouvais pas me résoudre à laisser tomber. Mon cerveau s'y délectait d'avance. Le plus urgent était également de trouver comment commencer une conversation à la fois banale et informative avec lui, une conversation qui lui plairait et inspirerait confiance en moi. Ce n'était pas gagné. Je gardai mon sourire ainsi que mon empathie. Je fis mine de regarder de nouveau ma montre puis soupirai d'un air faussement inquiet:

- Au point où j'en suis...J'crois que c'est plus la peine de courir, dis-je en m'asseyant sur le banc.

Je rangeai le mouchoir dans ma poche. Je décidai de commence une conversation en élevant légèrement son égo. Il avait un style qui me plaisait bien alors lui faire un compliment ne m'obligerait pas à mentir. Et c'était une façon de le rendre de nouveau souriant. Mais j'eus une idée bien plus fabuleuse. Quitte à jouer les types gentils je me levai en lui faisant signe d'attendre allant acheter une nouvelle glace aux "vermicelles": ils avaient leur importance. Une fois la gourmandise en main je le rejoignis et lui tendis en m'inclinant de nouveau. Comme il était difficile de jouer un rôle comme dans une pièce de théâtre.

- J'peux rien faire pour les fringues mais cette glace devrait pouvoir réparer une partie de mes dégâts..., ajoutai-je en m'installant de nouveau à côté de lui, puis surtout me remerciez pas, vous avez un style qui claque ! Simple et classe à la fois...

J'aimais donner l'impression d'être un incorrigible bavard. Cela allait peut-être l'agacer mais il fallait bien que je suive la fausse personnalité que je me donnais jusqu'au bout. Sinon je risquais de perdre toute ma crédibilité. Malheureusement en ce monde il n'était pas possible de dire simplement "je vois des fantômes sombres autour de toi. sans se faire passer pour un allumé. Non j'étais condamné à ce que personne ne me croit jamais sur mes visions de la négativité de la réalité, des êtres.

- ...Et avec tout ça j'en oubli les présentations ! Pfff quelle impolitesse de ma part, je suis Nike, me présentais-je en déformant légèrement mon nom, et vous ?...Elle doit être sacrément bonne cette glace surtout les vermicelles.

La tache sur ses vêtements n'avait fait que s'étaler au point qu'il n'était plus possible de la cacher. Son petit frère sentirait le sucre à trois kilomètre et lui ferait une vie en rentrant, il en était certain. Il ne pourrait pas y échapper, mais comme il était quelqu'un qui prenait quand même soin de son look, il retira sa veste. Il la porterai sous le bras et ainsi on ne verrait pas la tache tant qu'il était dans la rue. Il avait rendu le mouchoir à l'homme, il s'était dit que c'était peut-être parce qu'il voulait le reprendre qu'il n'était toujours pas aller à son rendez vous mais...

- Au point où j'en suis...J'crois que c'est plus la peine de courir,

"Ah."

Akihiko trouvait ça bizarre, mais il s'en foutait maintenant. Cet homme pouvait bien faire ce qu'il voulait ça ne le regardait pas. Mais le fait qu'il est fichu sa glace en l'air pour rien ne le consolait pas tellement et un gout amère s'était fait sentir sur sa langue... Mais comme si le gars avait lu dans ses pensées, il lui en avait rapporté une. Et bien sur tout lui fut pardonner sur le champs.

"Merci beaucoup !"
- J'peux rien faire pour les fringues mais cette glace devrait pouvoir réparer une partie de mes dégâts..., ajoutai-je en m'installant de nouveau à côté de lui, puis surtout me remerciez pas, vous avez un style qui claque ! Simple et classe à la fois...

Akihiko s'était arrêté de bouger, il avait donc sa langue sortit et au contact de la glace. Seul ses yeux avait bougé pour observer l'homme. Au bout de quelques secondes il rentra sa langue dans sa maison car le froid commencer à lui faire mal. Il était vraiment très surprit par ce compliment au point qu'il en eut du mal à avaler le morceau de glace que sa langue avait ramené. Est ce qu'il n'était pas entrain de se faire draguer ? Il ne l'avait jamais vu avant et il lui disait qu'il était bien habillé, Aki commençait a ce demander si cette collision avait été prémédité ? Il lui avait même offert une glace...

"Merci..."

Il ne savait pas si c'était bien le genre de chose à dire dans ce genre de cas. Mais c'était dit, alors il repartit à manger sa glace, réfléchissant à cet homme à côté de lui. Il était quand même content de pouvoir parler à quelqu'un, mais il était un peu méfiant.

- ...Et avec tout ça j'en oubli les présentations ! Pfff quelle impolitesse de ma part, je suis Nike, me présentais-je en déformant légèrement mon nom, et vous ?...Elle doit être sacrément bonne cette glace surtout les vermicelles.

"Oui, elle est très bonne... Vous n'en avez pas pris pour vous ?"

Aki venait juste de remarquer ce petit détail. Il se sentait comme un enfant tout à coup, un gamin pris au piège par des bonbons.

"Daiki Akihiko, enchanté. Que faites vous dans la vie ?"

Oui essayons d'avoir des informations ! Le savoir est la clé du pouvoir, il avait entendu ça dans un film ou une série télé, enfin quelques part !

"Oui, elle est très bonne... Vous n'en avez pas pris pour vous ?"

Je fis un mouvement de la tête afin d'indiquer qu'effectivement je n'avais pas pris de glace. Je n'avais pas faim et ce genre de gourmandise ne me donnait pas envie d'autant plus que j'avais eu un déjeuner bien copieux. Ce n'était pas dans mon intérêt, il suffisait d'une tactique pour faire une approche. L'homme c'est aussi un animal comme un autre, une glace pouvait provoquer des merveilles. Il ne m'avait pas fallu grand chose pour l’épater. Celui-ci me faisait penser à un chien attendant sa friandise et prêt à attendre des heures juste pour quelques secondes de plaisir. Malheureusement le bonheur était court et l'envie de remanger la friandise viendra de façon plus vive. Désirer c'était comme un piège mortel. Je ne me pensais pas différent, moi aussi je ne vivais que dans le désir. Je m'en rendais juste compte et je ne comptais rien faire pour changer les choses. Cela ne servait à rien. De toute façon je n'allais pas empiéter sur sa bonne humeur. Il se montrait d'une grande sympathie envers moi. Ce qui rendait les évènements plus simples. Je me contentais de sourire en l'écoutant. Le jeune homme n'avait pas hésité à me dire son nom, je ne pouvais pas vérifier s'il était vrai ou faux mais il était préférable que je l'enregistre bien au fond de ma mémoire. On ne savait jamais. Cela pouvait s'avérer utile pour mes articles. Vu les ombres qui traînaient autour de lui, ça présageait que quelque chose allait un jour se provoquer.

Ceux qui possédaient ces ombres étaient nombreux. Je me demandais comment ils réagiraient s'ils avaient le même type de vision que moi. Enfin il y avait des jours où je m'interrogeais sur l'existence de ces choses, peut-être que ce n'était que mon imagination. Pourtant je ne m'étais jamais trompé. Et un truc en moi m'empêchait de passer à côté:

- Oh je ne fais que des petits boulots, les temps sont dures, mentis-je. Enfin vous allez me dire, si je suis aussi souvent en retard, c'est normal ! Mais c'est ce fichu réveil il marche quand il veut !

Je ne préférais pas jouer la carte de la vérité pour le moment. Les gens avaient tendance de se méfier des journalistes. Lui dire que j'en étais un c'était de louper une chance de savoir à qui j'avais affaire. Il devait avoir des problèmes de famille ou autre, dans tous les cas ces ombres ne le lâchaient pas.

- Et vous ?...Vous devez me prendre pour un raté, dis-je en faisant une fausse mine triste, je peux rien faire correctement. Bref...C'est bon l'odeur de la nature puis de se poser sur un banc. J'adore, pas vous ?

Là encore je continuais à mentir mais je ne pouvais pas révéler que je préférais le sang et la mort. Il aurait toutes les raisons de se barrer le plus vite possible. Personne ne devait savoir, jamais. Soudain je lâchai un rire:

- La glace, vous en avez plein les lèvres !

- Oh je ne fais que des petits boulots, les temps sont dures, mentis-je. Enfin vous allez me dire, si je suis aussi souvent en retard, c'est normal ! Mais c'est ce fichu réveil il marche quand il veut !

Akihiko mangeait sa glace en écoutant le jeune homme à coté de lui. Il ne savait pas quel age il avait, mais il lui semblait qu'ils étaient du même age. Physiquement du moins. Mais ce discours, Akihiko le trouvait bien jeune. Ce n'était pas le discourt d'un homme qui porte la responsabilité de toute sa famille sur les épaules. Probablement qu'il vivait seul ou bien chez ses parents. Il n'avait pas le profil du travailleur acharné pour ramener quelques yens à la maison pour pouvoir manger et vivre confortablement. Le bien être de la famille, Akihiko connaissait par cœur cette façon de vivre, et il avait parfois l'impression d'être beaucoup plus vieux.

- Et vous ?...Vous devez me prendre pour un raté, dis-je en faisant une fausse mine triste, je peux rien faire correctement. Bref...C'est bon l'odeur de la nature puis de se poser sur un banc. J'adore, pas vous ?

"Je ne vous prend pas pour un raté. Je suis sur que vous progresserez avec le temps."

Il n'avait pas sut quoi dire d'autre étant donné que bien souvent les autres ne comprenaient pas qu'il puisse se sentir si vieux à seulement 22 ans. Qu'est ce qu'il était censé avoir vu de la vie à 22 ans ? Rien. Lui même le concevait parfaitement. Alors pourquoi ce sentiment ? Et puis n'était pas aussi une preuve de maturité que de reconnaitre qu'il n'avait pas tout vu ? Akihiko était très souvent perdu dans ce genre de pensés, il ne se sentait pas jeune, et il n'était pas vieux, il cherchait à trouver sa place dans ce monde afin de trouver quel genre de personne voudrait bien être son ami. Mais un éclat de rire le ramena à la réalité.

- La glace, vous en avez plein les lèvres !

Tout en se léchant les lèvres il lui sourit d'un air un peu gêné. Il s'en voulait de s'être montrer sous ce jour lui qui faisait pourtant bien attention à son comportement en publique afin d'être un jeune homme bien comme il faut. Et il n'arrivait pas non plus à baisser sa garde. Peut-être qu'il pouvait paraitre froid, mais il était mal à l'aise. Il trouvait le jeune homme à coté de lui bien jeune et ne savait pas de quoi il pourrait bien lui parler. De plus il était un peu excentrique et Akihiko ne savait pas s'il se moquait de lui ou s'il avait ce coté un peu occidentale.

"J'aime bien la nature, mais je ne pourrais pas vivre sans la ville, c'est sur. J'aime me ressourcer sur la plage de temps en temps. C'est agréable."

Je me demandais comment quelqu'un qui portait une ombre autour de lui pouvait rêver de se prélasser sur la plage. Preuve indéniable que le jour et la nuit ne sont pas deux entités distinctes mais deux éléments qui vivent dans le même cercle et qui cohabitent de façon remarquable. Chacun suit un schéma très clair sans faillir: c'était peut-être un système similaire qui s'opérait entre la ville et la nature. A méditer. Il fallait que je réfléchisse sur la question. C'était comme-ci toute la mocheté du monde en faisait tout simplement partie. C'était ce que j'aimais le plus. Avec tout cela je ne savais pas quoi ajouter de plus. Je n'aimais pas jouer un rôle en faisant semblant d'être normal ou d'être le roi des coincés. je me préférais en sale petit chercheur de trouble désagréable à souhait. Peut-être ne réagirait-il pas si mal que ça en me voyant vraiment comme j'étais ? Il me détesterait sûrement à la seconde mais j'avais peur qu'il ne me donne pas les informations que j'attendais. Je ne le connaissais pas assez pour établir une analyse sur sa façon d'être et sur la manière de gagner sa confiance.

Il devait me trouver étrange à me voir planter là à ne rien répondre. Je n'avais pas la faculté de répondre rapidement. Il m'arrivait parfois de prendre le temps: un truc qu'un humain normalement constitué ne faisait jamais. Peut-être avais-je une grave déficience mentale ? Pourtant j'étais une vraie pipelette, impossible de me faire taire. Ce gars-là devait être un génie pour avoir réussi l'exploit de me faire taire. Je méditais sur sa phrase comme s'il s'agissait de la révélation philosophique du jour. Mon instinct de journaliste me poussait à faire des choses vraiment inimaginables. J'en avais parfois honte. Quel scoop je cherchais auprès de ce type ? Je pris une grande inspiration et finit par répondre en prenant un air plus assuré:

- Je trouve que la plage c'est comme une sorte de cimetière qu'elle cache derrière la mer. Mais ouai il y a un je-ne-sais-quoi qui rend cet endroit agréable.

Puis soudain une question me vint en tête:

- Dites...Pourquoi une glace ? Comme ça par gourmandise ou la récompense d'une longue durée de travail ?

J'avais souvent des choses assez bêtes à demander. Il fallait bien que j'assouvisse ma curiosité obsessionnelle. Je ne pus m'empêcher d'ajouter comme pour donner davantage de crédit à ma question:

- Mon côté journaliste qui ressort...