Matsue Gakuen
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 Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]

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Ginger Matsumoto

Ginger Matsumoto


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MessageSujet: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyLun 19 Aoû - 21:29

Du vent dans mon écharpe, les immeubles qui cèdent la place au ciel et bientôt, l’odeur d’iode et d’ambre de la mer. J’aime bien les jours de repos. Comme je fais un travail qui me plait, les jours de congés où je sors faire des photos, c’est comme les pâtisseries à la fin du repas. De la pure gourmandise, et c’est ça le meilleur.
Le petit scooter bleu pâle patiente tranquillement au feu rouge tandis que Ginger tend le cou pour apercevoir le front de mer, à une cinquantaine de mètres devant elle. Elle espère qu’il ne sera pas trop fréquenté. Bientôt, les autres voitures redémarrent et elle fait de même, guettant une place où se garer. Mais contrairement à ce qu’elle escomptait, beaucoup profitent déjà de la plage et du soleil, et un début d’appréhension assez sournois lui fait évaluer la possibilité d’un demi-tour. Les vacances d’été pas encore terminées se rappellent à son mauvais souvenir avec les tas de lycéens flânant parmi les anciens, les mamans et leurs jeunes enfants et quelques classes de mer. D’ailleurs, Ginger remarque immédiatement l’escadron de cerfs-volants lâché dans le ciel par les joyeux bambins.


Comme j’ai couvert une manifestation culturelle ce week-end avec un collègue, je ne travaille pas ce lundi mais j’espérais quand même qu’il y ait moins de monde. J’aurais peut-être du venir plus tôt ce matin, au lieu de jouer à Skyrim. J’aime beaucoup la lumière du point du jour, plus subtile et moins flamboyante que le crépuscule. Demain, peut-être ? Ca ferait sans doute de belles photos et ça m’épargnerait d’avoir à m’approcher de tous ces gens, mais ce soir ou demain matin, il n’y aura plus tous ces beaux cerfs-volants dans le ciel. Il faut savoir profiter de l’inattendu, même si ça implique de devoir déambuler parmi des jeunes filles pimpantes dans leurs maillots, des garçons bronzés en short de plage et des enfants bruyants. J’en ai déjà la tremblote…
Ginger finit par se garer non loin du poste de surveillance et ouvre son coffre de selle pour troquer son casque contre un bonnet péruvien fuschia, orné de deux nœuds papillon gris sombre sur le côté droit. Pas très estival certes, surtout que malgré le soleil qui l’a convaincue pour une de ses chemises légères, le vent insistant lui a également fait sortir une veste en laine sans manches de son placard. Elle s’en mordrait presque les doigts d’ailleurs, vu que ça ne l’aiderait pas particulièrement à passer inaperçue. Baissant le nez dans son col, elle s’empresse de passer la bandoulière de son appareil par-dessus son épaule, referme le coffre, récupère la clef et se sauve aussi discrètement que possible le long de la jetée qui surplombe la plage. Pas question de s’approcher du gros des assaillants. Elle trottine donc à petits pas rapides vers le banc de cerfs-volants qui manœuvre toujours dans le ciel, au-dessus des cris joyeux de leurs petits pilotes.


Si je ne dois prendre qu’une photo ici, ce sera celle-là. Les cerfs-volants colorés qui masquent le soleil. Ça m’est (presque) égal de devoir m’avancer au milieu des gens qui rigolent et qui mangent des glaces. Nan, sérieusement je n’ai pas (trop) peur. Et puis on ne fait pas attention à moi, pas vraiment. C’est drôle, les enfants ont le même maillot de bain scolaire avec leur nom dessus, mais leurs cerfs-volants sont tous différents…
Ginger sourit pour elle-même de les voir si joyeux. Parvenue à leur niveau, elle se penche sur la rambarde, lève son appareil, ajuste soigneusement la focale et attend plusieurs secondes le bon moment. L’instant clé où le soleil jouera parfaitement à cache-cache avec le papier coloré, où les rubans des queues flotteront joliment en s’effleurant avec grâce. Pour être sûre ne pas le manquer, elle prend plusieurs clichés, avec des zoom et des angles différents. Puis elle fait aussi quelques photos des enfants radieux, tant qu’ils ne l’ont pas remarquée et qu’ils restent naturels. Le bruit du déclencheur la rassure un peu. Elle se dit que finalement, elle ferait bien quelques pas sur la plage elle aussi, loin des parkings, là où il y a moins de monde. Elle se met donc en quête d’un escalier, retire ses chaussures et fait quelques pas timides sur le sable chaud, veillant à rester loin des gens. L’appareil au clair, quelques autres clichés des vacanciers pris sur le vif viennent s’ajouter aux premiers. S’assurant que personne ne remarque son manège, elle continue sa promenade sur la plage, ramasse plusieurs morceaux de verre polis par la marée et croque à la dérobée un vieux couple de touristes main dans la main, trois enfants massés autour d’une méduse échouée, des surfeurs en combinaison qui partent à l’assaut des vagues, un vendeur de glace, des jeunes gens qui sourient aux filles et s’apprête à ajouter ce chat assis sur le sable avec un calme olympien lorsque le ballon arrive par derrière.


« Aie ! »

En pleine tête, et le bonnet complètement de travers. Bien joué…
HRP:
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Tenamura Kenichi

Tenamura Kenichi


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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyMar 20 Aoû - 16:32

HRP:

Un beau soleil d'été brille déjà haut dans le ciel lorsque Kenichi sort de chez lui, comme convenu, pour retrouver les quelques coéquipiers qui ont répondu présent à l'entrainement improvisé sur le front de mer, là où se trouve un tout petit terrain bétonné à quelques pas de la plage de sable. Des gars assez cools dans l'ensemble, avec qui Kenichi a déjà bien accroché. Parmi eux, l'un est encore remplaçant, comme Kenichi, et un autre fait partie du cinq majeur de l'équipe de basket de Kumano. Le troisième larron est un ami du premier, passionné de sport, qui s'est volontiers prêté au jeu d'un entrainement matinal sur la plage, qui fait plus office de jeu à deux contre deux qu'un véritable travail préparatoire pour les matchs à venir.

Assis dans le bus qui l'emmène au rendez-vous, Kenichi se demande s'il aura l'occasion de jouer lors de son premier match avec l'équipe. Si c'est le cas, il devra briller au maximum, montrer de quoi il est capable. Mais pour l'heure, la route vers le cinq majeur est encore à faire. Kumano est une ville beaucoup plus attrayante qu'Osaka. Il se plait déjà dans cette ville de bord de mer où il réside depuis quinze jours. Les cartons de déménagements ont presque tous été vidés dans son petit studio. L'installation est presque terminée. Il peut désormais se consacrer totalement à ce pour quoi il est venu.

--------------------

Cela fait bien une heure déjà que les quatre garçons jouent en short, à demi nus, en deux contre deux sur le béton à demi recouvert de sable, à cause de sa grande proximité de la plage. On pourrait presque dire qu'il s'agit d'un rectangle de béton au milieu de sable. Une kermesse scolaire à lieu non loin de là, créant beaucoup d'animation. L'ambiance est idéale, les cerf-volants décorent le ciel, et l'euphorie est généralisée. Kenichi et les trois autres s'en donnent à cœur joie sur ce petit terrain de basket, pas vraiment aux dimensions requises pour la compétition mais tant qu'il y a un panier... Un panier qui tangue copieusement à chaque dunk.

Il faut dire qu'aucune des quatre brutes ne ménage le matériel, ni les passants autour d'eux. Les gens qui faisaient bronzette non loin de là se sont écartés de plusieurs bons mètres. Entre la projection de sable, leurs voix fortes, leurs mouvements de forcenés et le ballon qui a tendance à partir dans tous les sens, on ne peut pas dire que ce quatuor soit d'agréables voisins de plage ! Kenichi, prit à 100% dans le jeu, s'amuse comme un fou, pire qu'un gamin. Au point qu'il mêle technique et grand n'importe quoi, à la limite de la tricherie, pour faire tourner chèvre les adversaires.

Nous sommes tout prêts du drame : Kenichi à le ballon entre les mains. Un adversaire le contre et lui fait obstacle, mais Kenichi le contourne en tournant sur lui-même, le drible bien maitrisé. Mais l'autre adversaire, plus grand que lui, le contre à son tour. Son coéquipier étant, de ce fait, démarqué, Kenichi lui envoie une passe surprise surpuissante. Une passe si fulgurante que le gars d'en face craint d'être violemment percuté par le ballon. Il ne cherche même pas à l'attraper. Sa préoccupation première est de se protéger de ce boulet de canon. Il place les mains devant son visage et le ballon cogne, très fort, puis est détourné de sa trajectoire initiale. Il rebondit au sol, perdant de sa puissance, mais dérive encore et quitte le terrain. Il atterrit sur le crâne d'une fille, la projetant en avant, puis fini sa course en roulant sur le sable.

"Merde !"

Trois des garçons quittent le terrain. Le dernier reste pour garder la place, car des enfants louchent sur le terrain depuis un bon moment. Deux s'arrêtent près de la nana au bonnet péruvien (étrange d'ailleurs) et Kenichi coure derrière son ballon. C'est le sien après tout !

"Désolé !"
disent ceux qui  entourent la jeune femme. "ça va ?"

Kenichi revient vers eux, l'air heureux, son ballon coincé sous le bras. Un peu de plus et il allait à l'eau. Ne sachant pas nager, cette récupération à un petit gout de victoire sur la mer. Mais il n'avouerait jamais un truc pareil. Donc il affiche cet air heureux, tout simplement. C'est à peine s'il comprend la raison des regards ennuyés des deux autres, qui se confondent en excuses, jusqu'à ce que l'un d'eux, désignant l'appareil photo, ajoute :

"C'est peut-être pas si grave. Avec un pinceau on devrait pouvoir retirer tous les grains de sable du mécanisme... non ?"


"un problème ?" intervient enfin Kenichi, avec trois trains de retard.
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Ginger Matsumoto

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyMer 21 Aoû - 9:41

Le chat s’est enfui, forcément. A quatre pattes dans le sable et la tête bourdonnante, je les entends approcher en me demandant si ça va. Se relever, vite. Même si cette balle était un vrai missile et que je sens déjà la grosse bosse qui me pousse sur le crâne, il faut que je me relève toute seule avant qu’ils ne viennent m’aider. Le sang cogne dans mes tempes et je chancelle un peu mais je parviens à me remettre debout avant qu’ils n’arrivent à mon niveau et je me retourne pour leur faire face.
Des garçons. Deux, et bâtit comme des armoires normandes, qui lui mettent facilement deux têtes de plus dans la vue. La jeune femme pâlit à vue d’œil et sent un seau d’eau glacée lui tomber dans l’estomac. Face au danger, il n’y a souvent que trois réactions possibles : fight, flee ou freeze. Ginger, elle, freeze. Elle aurait flee avec grand plaisir mais ses jambes flageolantes semblent soudain prises dans du béton et elle ne peut que regarder, la peur au ventre, les deux mastodontes qui s’approchent pour s’excuser platement et s’enquérir de son état. Elle aimerait bien leur répondre que tout va bien, qu’il n’y a pas à s’inquiéter, qu’ils peuvent retourner à leur jeu et la laisser tranquille mais ses lèvres tremblantes s’ouvrent sans pouvoir articuler un son. Elle ne parvient même pas à retrouver les mots dans son esprit tant elle est obnubilée par une seule et même pensée : elle ne veut pas qu’ils la touchent. Parmi un  peuple aussi économe de contacts physiques que les japonais, elle n’a en général pas trop à s’en faire mais ça ne change rien à sa panique. Elle se recroqueville craintivement sur elle-même à l’idée qu’ils puissent esquisser ne serait-ce qu’un geste dans sa direction. Et il faut que l’un d’entre eux s’inquiète de l’état de son appareil pour qu’elle parvienne à bouger de nouveau et se rappelle que ce dernier a heurté le sol quand elle est tombée. Soudain alarmée, elle le soulève à hauteur d’yeux pour l’examiner. Et se mord la lèvre, la gorge nouée.
Si, c’est grave. C’est un Leica M, la série de 2012, son boîtier tropicalisé a des joints toriques en caoutchouc pour le protéger de l’eau et de la poussière mais là, c’est l’objectif qui en a pris un coup. Il y a du sable dans les bagues de réglages, je ne peux plus faire la mise au point manuelle parce que j’ai peur que ça s’infiltre à l’intérieur et que ça n’abîme les lentilles. Il m’a coûté plus de 2000 flouz, je ne veux pas avoir à en racheter un autre, pourquoi vous jouez au ballon aussi près des gens comme si vous étiez sur un terrain de 200m² ? Je le pense très fort, j’aimerais pouvoir le dire mais je suis paralysée à l’idée même d’ouvrir la bouche. Et si ça les mettait en colère ? Ils sont deux et ils sont si grands, je ne pourrais ni me défendre ni m’enfuir. Non, il faut qu’ils s’en aillent, je m’occuperai de mon appareil plus tard. Si je leur dis que tout va bien, ils me laisseront tranquille. Allez, courage…
« C-ce… ce n’est pas… r-rien de grave, ç-ça va aller… »
Je n’arrive pas à les regarder dans les yeux mais je recule de quelques pas parce qu’ils sont trop près. Je ne veux pas être à leur portée. Je fais donc mine de m’en aller en bafouillant comme je le peux des excuses et des remerciements (je ne suis pas sûre qu’ils en comprennent la moitié). Encore un peu, et je pourrais tourner les talons pour rejoindre mon scooter et voir dans un magasin spécialisé si on ne peut pas faire quelques chose pour mon objectif. Je recule encore…et mes épaules et ma tête heurtent le torse large et musclé de quelqu’un dans mon dos.
Ginger pousse un cri de frayeur et fait un bond formidable sur le côté, reculant précipitamment de plus de deux mètres loin du troisième joueur et son ballon sous le bras qu’elle n’a pas entendu revenir vers eux. Cette fois, c’est clairement la panique à bord. Ses jambes ont miraculeusement dégelées et sa silhouette toute tendue indique clairement qu’elle n’attend plus que l’occasion de s’enfuir. Ses yeux de biche aux abois soudain remplis de larmes restent braqués sur le troisième « prédateur » qui la guette. Tout aussi grand et solidement taillé que les autres, son regard sauvage surmonté de sourcils broussailleux sous ses cheveux en bataille la terrifie. Une chair de poule féroce et nauséeuse lui hérisse brutalement les épaules et la nuque à l’idée d’avoir été en contact avec lui, même par accident. Pour le coup, elle atteint les limites du supportable pour elle. Les mains crispées farouchement sur le boîtier de son Leica, le ventre noué comme jamais, elle parvient au prix d’un effort surhumain à lâcher d’une voix blanche, teintée d’un poil de reproche (et d’une envie de pleurer) :

« V-vous m’avez fait peur… »


Dernière édition par Ginger Matsumoto le Dim 25 Aoû - 23:23, édité 1 fois
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Tenamura Kenichi

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 22 Aoû - 10:29

Le cri de frayeur de la demoiselle au bonnet péruvien a surpris tout le monde. Même Kenichi, peu impressionnable, ne s'attendait pas à déclencher une telle frousse chez quelqu'un.

« V-vous m’avez fait peur… »

"C'est vous qui m'êtes rentré dedans !" Dit Kenichi très sereinement.

Les trois garçons échangent des regards, puis regardent la jeune femme. Ont-ils l'air si effrayants ? A la voir, on dirait que trois dragons sont sur le point de fondre sur une jeune vierge pour la faire rôtir et la dévorer. Évidemment, les trois basketteurs sont loin d'imaginer et de comprendre la peur qu'ils inspirent à cette frêle personne.

"Excusez-nous en tout cas." répond un autre.

"Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ?" demande le troisième.

"Oh la vache !" s'esclaffe Kenichi en posant enfin les yeux sur l'appareil photo ! Laissant tomber son ballon au sol, sachant que grâce au sable il n'irait pas bien loin, Ken s'approche de la demoiselle et prend l'appareil dans ses mains. "Un Leica M !!"

Ses deux comparses se rapprochent de lui pour regarder l'appareil de la jeune femme.

"Tu t'y connais ?"

"Non ! Que dalle ! Mais celui-là oui ! Mon père en veut un comme ça pour son anniversaire mais il coûte la peau du cul. Même en se cotisant avec ma sœur, c'est impossible qu'on lui paye un truc pareil. En plus c'est le plus récent celui-là, non ?"
finit-il par demander à la jeune femme.

"Bah merde alors ! S'il est cassé par ta faute, tu seras obligé de le payer tout seul à la demoiselle et tu pourras même pas l'offrir à ton père !"

"Par ma faute ? T'es loof toi ! C'est toi qui l'a pas rattrapé ma passe ! C'est à toi de payer !"


"N'importe quoi ! Jamais de la vie ! T'as vu comment tu fais tes passes aussi ???"

"T'es qu'une passoire ! J'y peux rien ! Pas foutu de chopper un ballon !"

"T'es un bourrin ! Tes passes ont faillis me tuer trois fois ! Taré ! Faut que t'apprenne à jouer en EQUIPE ! E-Q-U-I-P-E !!!"


"Hey ho ! Au lieu de vous engueuler, on ferait mieux de voir ce qu'on fait pour le dédommagement. Vous pensez qu'il est vraiment cassé ?"
demande le troisième à la photographe.

"Toute façon y'a que les bourges qui peuvent se payer ça..." marmonne Kenichi dans sa barbe, oubliant qu'il a une voix qui porte.

"T'as déjà vu des bourges attifés comme ça toi ?" marmonne le second, en étant tout aussi audible que le premier.

Gêné, le troisième sourit à la jeune femme, et dit sur un ton qui ressemble presque à des excuses pour le comportement des deux autres :

"Votre bonnet... est de travers."
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Ginger Matsumoto

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyDim 25 Aoû - 23:12

Tout en muscles, la peau dorée et grand, beaucoup trop grand. Il m’a touchée. Mes mains se crispent sur mon appareil mais elles tremblent quand même alors je résiste à l’envie de me frotter l’épaule là où son corps a heurté le mien, pour chasser cet affreux fourmillement sur ma peau. Je lui jette un regard effrayé et farouche. Non je ne lui suis pas rentrée dedans, c’est lui qui était embusqué derrière moi. Il en aurait bien été capable, les hommes peuvent faire pire… j’en ai le ventre contracté par la peur. A l’idée qu’il puisse recommencer, lui ou les autres garçons qui l’accompagnent. Je voudrais me sauver, mais ils me retiennent en s’excusant et en me demandant si je ne me suis pas fait mal alors que je leur ai déjà répondu que j’allais bien. Ils ne m’ont pas cru ? Il faut que je le répète, qu’ils me croient coûte que coûte, sinon ils ne me laisseront pas partir. Surtout, ne pas être intéressante. Si je les ennuie, ils s’en iront plus vite. Ca me semble être une bonne idée, jusqu’à ce que le grand brun ne parle à nouveau, et que sa voix forte me paralyse…
Ginger sursaute. Alors qu’elle rassemblait ses mots pour faire la réponse la plus banale possible, le sportif au ballon pousse une exclamation enthousiaste en voyant son appareil. En deux pas, il avale la distance qui les sépare et prend sans vergogne le Leica des mains de la jeune fille. Prise de court par la soudaineté de l’attaque, la possibilité d’une dérobade lui passe sous le nez en un clin d’œil. Au contraire, elle manque même de lâcher son précieux boîtier tandis qu’elle fuit précipitamment le contact de ses doigts. Et il lui faut quelques secondes pour se rendre compte avec indignation qu’elle a laissé à l’ennemi un otage de poids ! Mortifiée, Ginger se traite mentalement de tous les noms. Hors de question qu’elle quitte la plage sans avoir sauvé son Leica des mains indélicates de ce rustre. Il lui faut donc trouver un moyen de le récupérer, sans le toucher. Plutôt complexe, à vue de nez. Si seulement il lui avait demandé la permission avant, comme n’importe quelle personne bien élevée, elle aurait pu refuser. Au lieu de ça, il commente avec engouement le prix exorbitant de l’appareil et Ginger ne peut s’empêcher malgré sa terreur de confirmer avec une certaine fierté qu’il s’agit bien d’un modèle récent. Oh ça oui, il coûte cher. Surtout si on rajoute le prix des objectifs maisons qui peuvent facilement doubler la note finale. C’est bien pour ça qu’elle aimerait remettre la main dessus vite fait, mais si elle avait pu trouver le courage d’ouvrir la bouche pour le réclamer timidement, il aurait été bien vite balayé par les chamailleries bruyantes des deux sportifs.
Je ferme les yeux pour ne plus les voir. J’aimerais bien me boucher les oreilles pour ne plus les entendre mais je n’arrive pas à bouger. Arrêtez de parler aussi fort, arrêtez de bouger autant, ne me regardez pas… Mon cœur bat trop fort, j’ai la bouche toute sèche et je sens mon souffle qui échappe à mon contrôle. Non, il ne faut pas que je panique. Sinon, ce sera pire que tout. Je dois à tout prix rester calme. Rappelle-toi comment tu faisais avant : respire, souris, salue le public, imagine que tu es seule, attends la fin. A la fin, je pourrais rentrer à la maison et pleurer un bon coup mais pour le moment, reste calme. Je crois que je n’y serais pas arrivée si d’un seul coup, je ne les avais pas entendu parler à mon sujet. Des remarques qui m’atteignent comme des gifles.
Ginger rouvre brusquement les yeux sur les deux énergumènes qui marmonnent entre eux, laissant à leur ami le soin de la diplomatie sans penser une seconde qu’elle a tout entendu. Elle en reste sans voix, bouche bée, totalement abasourdie. Elle est peut-être particulièrement naïve, mais pour le coup elle ne pensait même pas qu’il soit possible de faire preuve d’autant de culot et d'aussi peu de subtilité à la fois. Ces deux jeunes gens sont-ils fermement décidés à confirmer tous les clichés peu flatteurs qu’elle nourrit au sujet des sportifs frustes, fanfarons, brutaux et pas très futés ? Ils sont singulièrement bien partis. Pour le reste, le temps tourne à l’orage sous le bonnet péruvien. En temps normal, Ginger aurait ravalé sa honte et ses larmes et courbé les épaules sous une insulte dont elle a l’habitude. Mais là, l’attaque n'a rien de raffiné et survient alors qu’elle est à bout de nerfs, privée de son Leica et de sa tranquillité par trois hommes surgis de nulle part et qui refusent de la laisser tranquille. Autrement dit, c’est trop. La jeune femme sent soudain la colère gronder sous la peur qui lui tient les entrailles depuis tout à l’heure. Toute raide sous ses lainages, elle répond sèchement à celui qui la prévient pour son bonnet, un peu penaud :

« Je sais. »
Le front baissé, je regarde le garçon brun qui ricane toujours avec son ami. C’est de sa faute, tout ça. C’est lui qui a lancé la balle qui m’a fait tomber et qui a ensablé mon objectif, le seul qui ne se soit même pas excusé, le premier à s’être moqué de moi. Et en plus il m’a touchée. Je lui en veux. Il est peut-être immense, musclé et excessif dans son attitude, il se mettra peut-être en colère mais je lui en veux et je compte bien le lui faire savoir. Même si je me détesterai plus tard pour avoir réagi comme ça, la rancœur me rend courageuse. Je ne le laisserai pas m’insulter de cette façon. Sans bégayer cette fois, j’assène :
« Cet appareil est un cadeau qui a coûté 6200 flouz à ceux qui me l’ont offert. J’ai payé de ma poche l’objectif que vous avez abîmé et j’en ai eu pour plus de 2000 flouz. Excusez-moi si je mets plus d’argent dans mes outils de travail que dans mes vêtements. »

C’est comme ça depuis l’époque de Tokyo. La colère lui donne du cran, et une certaine sournoiserie dans la riposte. Même si elle ne peut évidemment pas en juger correctement sur cette plage, ils ont l’air issu de classes moyennes et le grand brun au ballon a laissé entendre tout à l’heure que le Leica était largement hors de portée. En conséquence, quelle stratégie ? Lancer du chiffre dans la bataille. Puisqu’il était question de dédommagement tout à l’heure, voilà qui les fera sans doute craindre pour leur porte-monnaie, et peut-être culpabiliser un peu d’avoir été irrespectueux. Ginger sait bien que son matériel coûte honteusement cher. Mais c’est bien parce qu’elle en est consciente qu’elle s’efforce d’être aussi professionnelle que possible dans leur usage. Même s’il lui est arrivée de frimer (discrètement) avec ses appareils hors de prix, elle s’évertue de mériter chacun d’eux avec de belles photos et une pratique régulière. Avec énergie, elle remet d’aplomb son bonnet, en mettant dans le geste (va savoir pourquoi), une touche de défi. Puis, elle s’efforce de redresser le menton aussi fièrement que possible comme sa tante Charity le lui a appris, et tend la main en essayant de ne pas trop trembler.

« Rendez-le moi, maintenant. »
Pourvu qu’il ne se mette pas trop en colère, quand même…
HRP:
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Tenamura Kenichi

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyLun 26 Aoû - 17:09


On garde le même décor, mais on change radicalement d’ambiance. Celle qui, jusqu’ici, avait brillé par sa discrétion et son aptitude phénoménale à se fondre dans le paysage comme un caméléon effarouché malgré son look de pingouin frileux sous les tropiques, vient de parler d’un ton cinglant, dénué de tout trait d’humour, et avec un ton à faire encore plus pâlir Marilyn Manson lui-même ! Si c’est possible !
Si bien que ce sont trois garçons bouche bée qui regardent la jeune fille avec des yeux ronds. Celui qui est juste à côté d’elle se tourne vers ses camarades, pour voir si la requête de la fille au bonnet va être entendue. Voyant l’air ahuris des deux autres, air qu’il avait lui-même sur le visage quelques secondes auparavant, il ajoute calmement :
 
« Rends lui Ken ! »
 
Aussitôt, Kenichi fronce les sourcils lorsqu’il pose les yeux sur son coéquipier et répond d’un ton agacé :
 
« ça va ! j’ai entendu ! Vous croyez quoi ? Que je vais partir avec ? »
 
C’est à grandes enjambées qu’il revient vers la photographe, lâchant un grand soupir et marmonnant fortement :
 
« …N’importe nawak ! »
 
Atteint dans son orgueil, piqué au vif, ses lèvres se sont fermées et Kenichi tend l’appareil à la jeune fille, la dévisageant de son regard farouche. Confiant, son camarade sourit à la jeune femme :
 
« Excusez-nous mademoiselle.  Reprenez votre dû.»
 
Surpris de ne pas entendre d’écho à ses excuses (alors qu’il estime personnellement ne pas en avoir à faire) il tourne aussitôt un regard sévère vers Kenichi :
 
« Bah excuses-toi Kenichi ! »
 
Kenichi sent ses nerfs lâcher :
 
« QUOI ???? De quoi tu veux que je m’excuse ??!!! J’lui ai pas volé son machin ! Et si l’autre naze savait rattraper les ballons, on n’en serait pas là ! »
 
L’autre au fond réagit sur le même ton :
 
« Tu sais ce qui te dis l’autre naze ? Pauv’ tache !  T’es le seul fautif ! »
 
« Ah ouais ??? Et t’as pas d’excuses à lui faire, toi qui trouve qu’elle s’habille en vrac ??? »
 

« C’est toi qui l’a traitée de bourge en premier !!!! »
 
« FAUX !!! J’ai pas dit qu’elle en était une !!!! J’ai dit que seuls les bourges pouvaient s’en acheter des trucs comme ça ! NUANCE !! »
 
Vociférant, Kenichi fait de si grands mouvements qu’il aurait été bien impossible pour la photographe d’attraper son appareil.
 

« Hey ! Au lieu de vous bouffer le nez, je vous signal qu’on doit des excuses à cette nana !! »
 
« Toi lâche moi Ducon ! »
 
Le fameux « Ducon » encaisse violemment l’insulte et pose sur Kenichi un regard de dégoût.
 
« Okay !  Bah tu sais quoi ? Tu vas finir la partie sans moi ! Tu t'es vu ? T’es pas fait pour jouer en équipe ! Estime toi heureux que le coach le sache pas encore. Mais tu peux compter sur moi pour lui mettre la puce à l’oreille !! ...Tch ! Connard !»
 
Vexé au possible, celui-ci tourne les talons et s’éloigne. Quelques secondes plus tard, c’est le même regard qui se pose sur lui de la part du second type qui emboite le pas au premier.
 
« C’est ça ! Barrez-vous bande de trouducs’ !! » dit-il aux dos qui lui font face. Une fois les deux autres trop loin pour continuer la dispute, il ajoute : « J’ai pas besoin de vous dans ma life !! » Mais le ton de cette portion de phrase ne trompe personne. Kenichi est peiné, dépité.  Tristement furieux, il donne un grand coup de pied dans le sable. Ses premiers pas avec les membres de l’équipe ne se passent pas aussi bien que dans les films lorsque arrive le joueur qui va sauver la déplorable situation du club.
 
« T’nez ! » dit-il en collant vivement l’appareil photo entre les mains de la jeune femme. Puis il se laisse tomber de toute sa hauteur pour atterrir assis dans le sable. Tel un petit garçon venant de se faire abondamment gronder, il dit, mi-vexé mi-penaud :
 

« ‘Scusez pour votre truc. » Puis il lève le regard vers elle, un regard qui n’a plus rien à voir avec l’attitude furibonde qu’il avait juste avant : « Il est pété ? S’il c’est le cas… 'Fin... J’ai pas les moyens de rembourser la somme que vous dite mais j’vous dédommagerai. Soit en services, soit, j’sais pas mais j’le ferai. Si vous avez un job à mi-temps à me proposer pour rembourser… Je prends.»
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Ginger Matsumoto

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 29 Aoû - 12:17

Solide comme l’acier. Je respire toujours trop vite et mon cœur ne veut pas ralentir, mais je fais de gros efforts pour que ma main tendue ne tremble pas trop, pas autant que mes jambes. Il faut rester ferme. Pour l’instant, ils sont tous muets de surprise mais s’ils voient que je suis toujours aussi effrayée, ils reprendront l’avantage. Sois forte… ça serait plus facile s’ils arrêtaient de me regarder. Une sueur froide roule sous ma chemise. Non, ne tremble pas. Et puis, juste au moment où mon courage m’abandonne, ma tentative fonctionne.
Parvenant à peine à cacher qu’elle est aussi éberluée que les trois compères, Ginger perd un peu de son aplomb devant la reddition presque immédiate. Ah bon ? Ils ne s’énervent pas ? Ils ne continuent pas de se moquer d’elle ? Pour le coup, elle ne s’attendait pas à une telle docilité. Le grand brun au ballon non plus d’ailleurs, puisqu’il réagit avec une certaine aigreur à l’ordre de son coéquipier. Ginger aurait préféré ne pas avoir à s’approcher de lui de nouveau. Maintenant que sa juste colère a été désamorcée par l’attitude conciliante du diplomate de la bande, sa peur du grand escogriffe aux gestes brusques revient au galop et elle considère avec une défiance craintive son corps massif planté devant elle. Elle voudrait tendre la main pour récupérer son cher Leica, mais le regard rude qu’il lui lance la fait hésiter quelques secondes, le temps de rassembler le courage nécessaire à l’avancée d’une main tremblante vers son appareil… et le moment propice se volatilise, une fois de plus. Ginger sursaute violemment sous l’éclat de voix soudain du sportif, terrorisée à l’idée qu’il s’en prenne à elle. Mais la première frayeur passée, il s’avère qu’il est en train de passer ses nerfs sur ses camarades, lesquels ne tardent pas à répondre tout aussi vertement. La jeune femme est terrifiée par la violence verbale de la scène, et aussi par les joyeuses embardées du Leica, soumis aux mouvements emportés de son ravisseur. Un peu de délicatesse, morbleu ! Cependant, même ses craintes pour son précieux appareil ne peuvent pas estomper sa détresse. Ce qui se passe sous ses yeux est terrible.
Arrêtez de crier, arrêtez de vous disputez, ne vous battez pas pour ça. Ca vous rend horribles et effrayants, ça vous rend monstrueux. J’ai l’impression que je vais devenir comme vous si je reste à côté et j’ai envie de m’enfuir, vous me faites bien trop peur ! Mes oreilles bourdonnent comme si j’étais à nouveau sur le point de monter sur scène et je sens les larmes me monter aux yeux à cette pensée. Je voudrais leur crier d’arrêter tout de suite mais ma voix est coincée dans ma gorge, piégée comme si elle n’allait plus jamais sortir. Il faut que ça se termine, tout de suite… Et c’est le cas. Presque aussi rapidement que ça avait commencé, deux des garçons s’éloignent vers le terrain, abandonnant leur coéquipier avec mépris. Le dernier joueur reste sur la plage et leur crie une dernière insulte pour sauver la face. Sans que j’ai eu le temps de comprendre quoi que ce soit, nous ne sommes plus que tout les deux sur notre coin de sable, aussi perdu l’un que l’autre. Je tremble pendant un instant à l’idée d’être seul avec lui, qui a l’air d’être le plus brutal du groupe, et je sursaute quand il donne un grand coup de pied dans une petite dune. Pourquoi faut-il que ce soit lui qui ait mon Leica et qui reste avec moi ? Ce n’est vraiment pas juste…
Ginger n’a pas le temps de réagir quand il lui remet sans douceur l’appareil dans les mains et elle parvient de justesse à ne pas le laisser échapper à nouveau. Non mais quel rustre, celui-là alors ! Ce n’est pas étonnant que ses camarades l’aient lâché, il n’a rien pour attirer la sympathie, se dit-elle en époussetant soigneusement le sable sur les angles du boîtier. Il se laisse tomber avec lourdeur sur le sol et la jeune femme le planterait bien là sans un mot de plus après tout ce qu’il vient de se passer. Encore effrayée et quelque peu rancunière, elle n’a aucune envie de s’attarder avec cette brute de décoffrage, même pas fichu de s’excuser correctement. Mais alors qu’elle s’apprête à tourner les talons, il dément sa dernière accusation et consent enfin à lâcher un mot d’excuse. Excuse à laquelle Ginger est fortement tentée de répondre par un juron de dépit. Juste quand elle allait partir… Maintenant, elle est bien obligée de rester jusqu’à ce qu’il ait fini. Elle tourne avec méfiance les yeux vers lui, prête à parer tout nouvel accès de colère, et est surprise de le voir soudain tout déconfit. Son regard n’a plus rien d’hostile et maintenant qu’il ne la surplombe plus de deux têtes et que ses épaules sont quelque peu voûtées par l’abattement, la jeune femme le trouve soudain beaucoup moins effrayant. Elle se surprend à ressentir un brin de compassion pour ce pauvre bougre abandonné par ses compagnons, et même une touche de culpabilité qui la contrarie fortement. Après tout, si elle n’avait pas perdu son calme la première, les choses auraient pu mieux tourner. Même si ça n’excuse en rien son impolitesse envers elle. Prise de court alors qu’il s’engage à la dédommager, elle bafouille de nouveau :

« A-ah ? M-mais non, il n’y aura peut-être p-pas besoin de… i-il n’est peut-être pas cassé, enfin je… j-je ne veux pas vous… »
La suite se perd dans un bredouillement confus et je rougis violemment, mortifiée. Chapeau bas s’il est parvenu à comprendre quoi que ce soit. Je dois vraiment avoir l’air idiote, finalement il avait bien raison de se moquer de moi. Pourquoi faut-il toujours que les autres me rendent comme ça dès qu’ils m’approchent ? Remettant nerveusement une mèche de cheveux en place sous mon bonnet pour ne pas y penser, j’essaie de réfléchir. Je ne peux tout de même pas le faire travailler pour me rembourser, ce serait malhonnête. Après tout, s’il avait pu choisir, je pense que lui aussi aurait voulu rester tranquille avec ses amis plutôt que d’avoir tous ces problèmes. En désespoir de cause, je finis par m’asseoir à mon tour sur le sable, pas trop près. Fouillant dans la sacoche de mon appareil, j’en sors un petit pinceau, retire mon bonnet pour ne pas être gênée par les pompons et commence à nettoyer soigneusement mon objectif. Avec un peu de chance, ça ne sera pas plus compliqué que ça. Je ne tiens pas à revoir ce garçon pour qu’il me donne de l’argent. Plusieurs secondes se passent sans qu’il n’y ait d’autres bruits que celui des vagues et les voix des gens, tout autour. Patiemment, je chasse les grains de sable des bagues en essayant de ne pas penser qu’il y a un homme non loin de moi, ça me rend nerveuse. Puis, comme le silence n’a pas grand-chose d’agréable :
« J-je suis désolée… que vous vous soyez disputé avec vos amis par ma faute… »

C’est la pure vérité. Par-delà le fait que ce garçon soit un butor mal élevé (à la première impression), elle devine maintenant qu’il n’a sans doute pas un mauvais fond. Et un tempérament bouillant n’est certainement pas suffisant pour mériter de se retrouver seul, enfoncé par ses coéquipiers. Parce que c’est bien ce que l’autre joueur a dit avant de partir : l’entraîneur sera mis au courant de ce caractère emporté. Le gredin… C’est peut-être en effet un bon moyen de lui faire corriger ce trait de personnalité, mais Ginger a elle-même trop souffert de ce genre de diffamation et autres malveillance pour prendre totalement le parti du rapporteur. Dans un timide élan de sympathie envers le bonhomme assis non loin, elle tente :

« V-vous… vous faisiez du… beach-volley, c-c’est ça ? »
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Tenamura Kenichi

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 29 Aoû - 13:41

« A-ah ? M-mais non, il n’y aura peut-être p-pas besoin de… i-il n’est peut-être pas cassé, enfin je… j-je ne veux pas vous… »

Kenichi la regarde espérant une suite à chaque début de phrase qu'elle vient de prononcer. Mais il a beau attendre, rien ne vient. Pourtant il patiente en silence, l'observant nettoyer son appareil ensablé. Quel sera le verdict ? Cassé ? Pas cassé ? Devra t-il débourser une somme astronomique pour réparer les dégâts ? Les yeux de Ken profitent que la jeune femme soit occupée à dessabler son Leica pour s'aventurer plus haut, sur le visage de l'inconnue. Sans son bonnet, ses cheveux se libèrent et encadrent un visage doux et harmonieux.
« J-je suis désolée… que vous vous soyez disputé avec vos amis par ma faute… »

Kenichi lève aussitôt les épaules et répond d'un ton sec mais plutôt calme à l'intention de la photographe :

"J'men fout. Ce ne sont pas mes amis. J'men bat les... le steak ! Alors, soyez pas désolée."

Il ne manquerait plus qu'elle se sente responsable de la connerie des autres urluberlus ! Pas foutus de rattraper une balle ni d'assumer les emmerdements ! Ken tourne son regard vers la mer un peu plus loin, et vers tous ces gamins qui jouent avec leur cerf-volant. Tiens, deux viennent de s'emmêler l'un à l'autre et les mômes s’évertuent à tenter de les démêler, luttant contre les facéties du vent.

« V-vous… vous faisiez du… beach-volley, c-c’est ça ? »

Ken lâche un rire, à mi-chemin entre le cynisme et la plaisanterie :

"Jamais de la vie ! Le beach volley c'est pour les vacanciers qui veulent frimer mais qui sont trop cons pour pratiquer un vrai sport !"

Kenichi tend le bras vers le ballon qui repose gentiment dans le sable et le prend entre ses mains. Puis il regarde la jeune femme, tout sourire, mais intrigué qu'elle fasse une telle erreur. Peut-être qu'elle ne connait rien au sport, qu'elle n'a jamais vu de basket et dans ce cas, Ken sent qu'il se fera un plaisir de lui montrer ce qu'est un véritable sport !! En fait, l'idée qu'elle puisse être aussi loin du concept de basket ball intéresse le sportif qui aime tant faire connaitre sa passion à d'autres :

"Vous savez pas ce que c'est ça ?"

La jeune femme n'a pas encore pu lui répondre alors que derrière eux, quelqu'un appelle :

"Ken ! Ken !"

C'est le quatrième larron, chargé de surveiller le terrain. Ken, aux côtés de la photographe, l'avais presque oublié.

"Bah alors ? Qu'est-ce que vous foutez ? Vous en mettez du temps à revenir ! Ils sont où les autres ?"

"Partis !" répond simplement Kenichi, gêné d'avoir été interrompu, gêné qu'un intrus s'interpose entre lui et une charmante demoiselle (faut bien dire ce qui est), gêné aussi de l'avoir laissé poireauté alors que les deux autres étant partis, ils ne risquaient pas de revenir finir leur mini match.

"Ah bon ? Bah... pourquoi ? Toute façon on n'a plus de terrain ! J'ai dû laisser la place aux mioches ! Vous mettiez trop de temps à revenir."

C'est là que le type tilt enfin sur la présence de la photographe.

"Ah mais pardon !" dit-il tout sourire et limite mielleux "J'dérange on dirait ! Si si j'dérange là ! Mademoiselle !" la salut-il en s'inclinant. "Et bah mon vieux ! Tu perds pas de temps !! Mignonne en plus ! On a les même gouts !" S'adressant à la jeune femme : "Ah si je vous avais vu le premier..."

"Dégage !"

"Quoi ?"

"CASSE TOI !" dit Ken, perdant son sang froid. Car Ken a bien vu que cela gênait considérablement la jeune femme. Lui aussi n'est pas très à l'aise dans cette situation et déteste se sentir ainsi. Et comme en plus ce type est l'ami d'un des deux autres joueurs, il n'a aucune envie de faire des ronds de jambe à ce lascar, qui ne cesse de briller par son indéniable connerie et sa lourdeur hors concours ! L'autre lève les mains pour montrer qu'il ne cherche pas la bagarre. En fait, il bat carrément en retraite mais continue de fanfaronner à demi :

"Ouuuuh ! Mais d'accord ! J'te laisse avec ta copine mec ! T'inquiète pas ! J'suis fair play ! Je te l'aurais laissée."

Pourtant, il fait un grand sourire à la fille, accompagné d'un clin d'oeil et de quelques mots supplémentaires :

"Quoique si j'avais voulu..."

Ken se lève et saisi son t-shirt au niveau du col. Il l'approche vivement de son propre visage et le regarde dans les yeux. Malgré la fermeté de l’empoignade, c'est très froidement qu'il lui dit d'une voix grave :

"Je t'ai dit de te casser. Tu veux que je t'explique autrement ?"


Une fois de plus, le côté agressif de Kenichi Tenamura refait surface. Ce qui ne doit pas redorer son blason aux yeux de la jeune femme. Blême, le plus petit des quatre joueurs sait que sur le plan physique, il n'arrivera à rien. Alors, lorsque Kenichi le relâche, il manque de tomber en reculant prestement. Mais une fois avoir mis une bonne distance entre lui et Tenamura, il vocifère :

"Compte pas sur moi pour venir faire le 4e con la prochaine fois ! T'es qu'un bâtard !"

Et il part, marchant d'un pas coléreux sans demander son reste. Fataliste, Ken soupire. Cela ne l'affecte en rien car il ne connaissait pas ce type avant ce matin même, mais il déplore pourtant :

"J'sens que je vais me faire des amis ici moi... ! ...Bref, scuzez ce connard !"

Ken reprend son ballon entre les mains et le manipule machinalement. Il compte rester à coté de cette fille jusqu'à temps qu'il sache si le Leica est cassé... Et... plus si affinité. Il en a même oublié la question qu'il lui a posé un peu plus tôt.
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyVen 30 Aoû - 18:49

Ce ne sont pas ses amis. Je m’arrête un moment de nettoyer le Leica pendant qu’il m’assure que je n’ai pas à m’excuser parce qu’il n’en a rien à faire. Ah bon ? Il avait l’air triste pourtant tout à l’heure. Enfin, ce n’est agréable pour personne de se prendre le bec pour pas grand-chose. A l’abri derrière mes cheveux, je glisse un regard discret dans sa direction. Tourné vers la mer, le regard perdu sur les cerfs-volants qui colorent le ciel, son profil est un peu moins âpre que tout à l’heure, quand il s’énervait contre les autres. Des traits volontaires, toujours… je retourne à mon appareil et mon pinceau. Il ne faut pas que je le regarde alors qu’il sait que je suis là, c’est risqué. Quoique je n’ai pas à m’inquiéter, aujourd’hui je suis particulièrement acharnée à prouver ma stupidité. Jamais je n’aurais deviné que le beach-volley n’était pas un vrai sport...
« Oh ! P-pardon, je… je n’y connais vraiment rien, je… »

Ginger baisse le nez sur son objectif dont elle fait mine de tester les bagues de réglages. Elle qui pensait pouvoir rattraper l’impression de bizarrerie qu’elle a du lui faire, adieu crédibilité ! Au moins, elle le saura à présent : le beach-volley est une activité de touristes. Et ce même si ses propres expériences pour le moins éreintantes suffisaient amplement à le classer dans les sports extrêmes. Devinant son mouvement pour se tourner vers elle, elle risque un nouveau regard craintif dans sa direction pour évaluer un potentiel danger et hausse les sourcils avec surprise lorsqu’elle se rend compte qu’il… sourit. Son ballon dans les mains, amusé sans méchanceté, il n’a pas l’air de la juger trop gourde, contrairement à ce qu’elle imaginait. Passée la surprise, un sursaut d’inquiétude lui démange les épaules (qui sait tous les périls et les pensées douteuses que peuvent cacher un sourire masculin ?) mais il se contente de lui demander avec un pointe d’enthousiasme bien visible si elle ignore réellement ce qu’il tient. Prise de court, et soudain curieuse du tour que prend la discussion, Ginger ouvre la bouche pour avouer son ignorance lorsqu’une voix masculine résonne dans leur dos pour appeler le dénommé Ken. Et en moins de deux prénoms lancés dans le vent, la jeune femme se referme comme une huître pour s’abîmer dans le nettoyage du Leica, de nouveau tendue par l’approche d’un énième mâle. Décidément… Dire qu’elle a failli baisser sa garde l’espace de quelques secondes, heureusement qu’on l’entendait de loin, le nouvel arrivant. Car pour le coup, dès qu’il se détourne de son camarade et remarque sa présence, il lui donne envie de rentrer sous terre.
Ca recommence. Je n’aurais pas du rester ici. A chaque mot, j’ai l’impression d’être un objet dans une vitrine, une poupée sur la scène. Je me crispe sur mon appareil en lui tournant le dos, en espérant qu’il s’en aille bientôt mais rien à faire, je sais qu’il me regarde et je me sens souillée par les sueurs froides qui baignent ma nuque et mon dos. L’ignoble picotement répugnant revient sur ma peau, comme s’il me touchait déjà. J’ai envie de m’enfuir mais l’angoisse me contracte tellement le ventre, mon souffle est déjà tellement anarchique que j’ai peur d’avoir des vertiges si je me lève. Ferme les yeux, essaie de te calmer. Faites qu’il s’en aille. Respire. Je n’aurais pas du rester ici… Mais alors que la panique m’envahit et que les larmes me montent aux yeux, la voix du garçon assis à côté de moi résonne avec force. Terrifiée, je tourne la tête vers lui. Que fait-il ? Au début je pense avoir mal compris, mais il lui ordonne bel et bien de s’en aller. En me faisant sursauter lorsqu’il hausse le ton, mais le message est clair. Je reste sans voix. Je ne pense même pas à me détourner quand l’autre revient à la charge avec un clin d’œil et un sourire insupportable, qui me fait lâcher le Leica sur mes genoux pour serrer mes mains sur mes épaules et contenir la sensation de saleté qui m’envahit. Mais presque aussitôt, Ken se relève sans prévenir, tellement immense que j’en ai le tournis, et attrape l’autre garçon pour le menacer. Avec une exclamation étranglée, je rassemble à demi mes genoux contre ma poitrine, prête à fuir. D’où je suis, je ne vois que son dos qui fait rempart et la terreur me noue la gorge, les membres. Les hommes ne savent qu’utiliser que la brutalité quand ils veulent quelque chose. Lui n’est pas différent mais j’ai beau avoir peur de ce qu’il pourrait faire, j’espère que ça suffira à faire partir son coéquipier. Et par miracle, ça fonctionne. Dès qu’il est libre, le dernier garçon de la bande s’enfuit en insultant Ken et ce dernier se rassoit, pas plus dérangé que ça alors que je peine encore à m’en remettre, tremblant comme une feuille. On dirait bien que je suis tombée sur un champion du relationnel. Mais malgré toute l’inquiétude qu’il m’inspire, il n’y a qu’une seule chose que j’ai envie de lui dire après ce qu’il vient de faire :
« Merci… de l’avoir fait partir… »

C’est parfaitement sincère, quoique pas très audible. Cela faisait un bon bout de temps que Ginger ne s’était pas sentie aussi reconnaissante envers un homme, et elle en est la première surprise. A tel point qu’elle n’ose plus ni le regarder ni lui parler après cet aveu de gratitude et qu’elle se contente de peaufiner son nettoyage. Que dire de plus, de toute façon ? Désolée du manque de conversation, ça fait presque trois ans qu’elle a une peur panique de tout individu de sexe opposé qui s’approchent à moins de deux mètres ? Ca serait fort aimable, tiens. Surtout alors qu’il ne demande rien lui non plus et se contente de manipuler sa balle en silence, sans plus rien lui demander. Ginger se ravise et donne donc les derniers coups de pinceau à son objectif en réfléchissant à ce que peut bien être le vrai sport qu’il pratiquait avec cette balle qui ne lui évoque rien. Enfin, presque rien… du côté maternel, sa famille est plutôt orientée base-ball, tandis que la branche Hammer préfère nettement le rugby, le football et le tennis. Pour le reste, elle est plus ou moins ignare vu l’amour débordant qu’elle porte à la télévision. Cependant, depuis qu’elle travail au journal et qu’elle observe dès qu’elle le peut les clichés de ses collègues, ce ballon ne lui est pas tout à fait inconnu. Soufflant sur son objectif, Ginger le retourne une dernière fois pour l’examiner. On dirait bien que le plus gros est fait.

« V-voilà… j’ai enlevé presque tout le sable et c-comme il n’a pas vraiment heurté le sol… enfin si, mais pas très dur et je le tenais, alors… l-les bagues de réglages ont l’air de fonctionner pour l’instant, m-mais je ne suis pas encore sûre que… Oh ! C’est du basket-ball ! »
Bon sang, mais c’est bien sûr ! Je m’en rappelle, les reporters sportifs échangeaient leurs pronostics sur les prochains matchs de la saison l’autre jour. Je suis tellement contente de m’en être souvenue toute seule que je ne me rends compte qu’après coup que ma réaction a été très enthousiaste. Un index levé victorieusement, je me suis à demi tournée vers lui, les yeux droits dans les siens pour guetter une éventuelle affirmation. Il ne m’en faut pas plus pour aussitôt baisser le nez sur le sable, rougissant jusqu’à la racine des cheveux tandis que je me ramasse dans mon coin, honteuse de m’être ainsi laissée emporter. Il faut que j’arrête de faire ça, c’est avec ce genre de réaction stupide que les hommes se font des idées, après. Essayant de retrouver mon calme, je triture nerveusement mon pinceau en essayant de rattraper le coup :
« En-enfin, je veux dire… C’est… c’est bien ça ? C-ça se joue à quatre ? »

Curieux, elle était sûre que c’était six…
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyMar 3 Sep - 8:59

HRP:

Le petit merci de la photographe, prononcé aussi timidement que possible, laisse comprendre à Kenichi tout le malaise que l'autre intervenant à créé. Ken est lui aussi très gêné, d'où sa façon radicale de régler les choses.
Le silence s'installe de nouveau entre les deux jeunes gens. L'une dépoussière activement son Leica, l'autre rumine en silence, les yeux tournés sur deux gamins qui se disputent pour pas grand chose. Le sportif se pose de nombreuses questions à l'heure actuelle, comme par exemple s'il parviendra à s’insérer seul dans une équipe déjà habitué à jouer ensemble. Les joueurs n'ont pourtant pas l'air d'être aussi soudés que ça, mais Ken se demande s'ils ne vont pas faire front contre lui, se liguer contre l'intrus à présent qu'ils ont toutes les raisons pour le faire. La petite voix de la femme lui fait tourner le regard sur elle :

« V-voilà… j’ai enlevé presque tout le sable et c-comme il n’a pas vraiment heurté le sol… enfin si, mais pas très dur et je le tenais, alors… l-les bagues de réglages ont l’air de fonctionner pour l’instant, m-mais je ne suis pas encore sûre que… Oh ! C’est du basket-ball ! »

Même si les phrases précédentes auraient pu le surprendre par leur longueur, Ken ne la connait pas encore assez pour s'étonner et remarquer que la jeune femme fait enfin des phrases moins brèves que précédemment. Ce qui l'étonne davantage, c'est la toute dernière, lorsqu'elle prononce le mot "Basketball" avec un entrain et une énergie soudaine. Passé la surprise, Ken ne peut que sourire, satisfait qu'elle réponde à la question dont il ne se souvenait même plus, et heureux que ce soit la bonne.

« En-enfin, je veux dire… C’est… c’est bien ça ? C-ça se joue à quatre ? »

Okay. Donc, ce n'est vraiment pas une spécialiste de Basket. Mais ce n'est pas grave, Ken lui répond avec calme, sans se départir de son sourire : 

"Ah non ! ça se joue à 10. 5 de chaque côté."

Pourquoi quatre ? Ah ! Parce qu'ils étaient quatre à occuper le terrain sans doute ! Bien sûr !

"Non là, on se faisait un deux contre deux parce qu'on a pas réussi à convaincre plus de monde de nous rejoindre. Et puis c'est bien de se faire des petits matchs serrés de temps en temps. On peut même jouer à un contre un. Mais le vrai Basket, ça se joue avec 5 gars de chaque équipe."

Durant le temps où cette fille l'avait regardé dans les yeux avec un visage enthousiaste qu'elle montrait pour la première fois depuis leur rencontre, Ken avait eu l'impression de ressentir un souvenir familier. Furtif, fragile, bref, mais bien là. Il n'imaginait pas une seconde qu'il était en face de la petite fille anglaise qui avait envahit tous les écrans et les magasines de tout le Japon quelques années plus tôt. C'est fou comme le paysage audiovisuel change vite, fait et défait les modes, les artistes, et à quelle vitesse les célébrités qui ne font plus l'actualité sont oubliés. Loin d'imaginer ce monde là, Ken demande tout naturellement :

"On se connait non ? On était pas dans la même école à Osaka ? Ou lycée plutôt... Non ?"

Bon, même si le Leica a l'air de ne pas être endommagé, si jamais il doit rembourser une fille qu'il connait, ça lui semble beaucoup plus simple. Kenichi est complètement à l'ouest avec cette hypothèse, mais c'est la seule qui lui semble plausible.


"Tenamura Kenichi, ça vous dit rien ? Je peux vous demander ton nom ?"

Pensant être un familier de la jeune femme, le tutoiement est arrivé en cours de conversation.

HRP:
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyMer 4 Sep - 14:03

HRP:
Un sourire surpris et il me regarde à nouveau. Je range mon pinceau dans la sacoche avant de l’éplucher complètement, gênée comme jamais. Ce n’est pas parce qu’il me fait moins peur maintenant que je supporte qu’il me regarde. Même s’il a l’air plutôt gentil pour l’instant, je suis toujours angoissée à l’idée qu’il change d’attitude. Mieux vaut rester prudente. En attendant, il me répond tranquillement que ça se joue avec un nombre de joueurs pour le moins étrange. Le demi par équipe, c’est un remplaçant ? Et puis, je me trompe peut-être mais les terrains de basket sont si grands que ça ? Trop étonnée, je ne prends pas le temps de réfléchir et je réponds presque aussitôt (avant de m’en mordre les doigts) :
« Vous devez vous marcher dessus, non ? A-ah, c’était… c-c’était une blague, c’est ça ? P-pardon… seulement cinq joueurs, d’accord….»

Ginger se sent tout à coup prise d’une envie impérieuse et subite de devenir un bernard-l’hermite. Ca doit être bien pratique de pouvoir se cacher dans une coquille et d’effectuer un repli stratégique en même temps… Elle n’en écoute pas moins ce que dit le jeune homme, à la fois par curiosité et pour oublier la honte cuisante qui lui brûle les joues suite à sa réplique. Elle aurait pu être plutôt bien trouvée si elle l’avait dit sur un autre ton, avec un peu plus d’humour. Là, elle passe juste pour une cruche. Ceci dit, ce n’est pas si grave que ça. De toute façon, elle ne reverra sans doute plus jamais ce garçon (hors de question qu’il lui paye quoi que ce soit maintenant qu’elle a plus ou moins acquis la certitude que son objectif est sauf) alors elle n’a pas trop de quoi s’en faire… Du moins, c’est ce qu’elle se dit juste avant que ne soit lâchée la bombe. La première question de Kenichi, en apparence inoffensive, fait tomber un cube de glace le long de son dos, poids compris. Crap ! Son souffle s’étrangle une seconde et elle pâlit à vue d’œil, déjà prête à prendre ses jambes à son cou sans demander son reste. Il n’a pourtant pas une tête à lire de magazines pour ados, et même si c’est le cas, ça fait déjà trois ans qu’elle a disparu de la scène. Mais si jamais il l’a reconnue, si jamais il lui pose ne serait-ce qu’une question, même un sportif chevronné comme lui ne pourra pas la rattraper… enfin, elle l’espère. L’éclair de panique qui la transperce alors qu’elle évalue ses chances de fuite tombe également pile au moment où lui parvient l’hypothèse du jeune homme quand à une précédente rencontre. Et sans qu’elle ne sache pourquoi, sans qu’elle ne puisse même comprendre d’où lui vient une impulsion aussi folle, Ginger s’entend répondre un truc insensé :

« Non ! Euh, j-je veux dire oui ! Au… Au collège, p-peut-être… M-mais, j’ai déménagé à N-Nagano… en cours d’année… »
Mon cœur bat tellement fort que j’ai presque du mal à reprendre mon souffle. Mais qu’est-ce que je viens de dire ?! Pourquoi ai-je sorti un truc pareil ?! Je n’avais qu’une seule peur et c’était qu’il me reconnaisse, je le sais bien. Mais est-ce que c’était vraiment une raison de me jeter dans une embrouille pareille ? Parce que ce n’est ni plus ni moins qu’un énorme mensonge que je viens de dire à ce Kenichi Tenamura. J’ai peut-être été à Osaka trois ou quatre fois pour rendre visite à un oncle et sa famille pendant les vacances mais toute ma scolarité s’est faite à Nagano. Jamais je ne pourrais faire avaler à un natif de cette ville que j’y ai vécu moi aussi. En d’autres termes, je suis vraiment dans de sales draps s’il cherche à poursuivre la conversation dans cette voie. Mais j’ai beau me demander comme je vais me sortir de ce pétrin, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour qu’il n’aille pas réfléchir plus loin à l’endroit où il a bien pu me voir. Allez, courage. Bientôt je pourrais m’en aller et on ne se reverra sans doute plus jamais. Il ne saura pas que j’ai menti. Il faut tenir. Je ne sais pas trop pourquoi mais je crois que je serais triste si cette conversation se terminait sur une fausse note. J’ai de nouveau un instant de panique quand il me demande mon nom après s’être présenté (pas vraiment dans les formes, d’ailleurs) mais je me rassure rapidement. Ma mère avait insisté auprès des producteurs pour que je travaille sous un nom de scène pour protéger ma vie privée. Même s’il se souvient de Momo-chan, mon vrai nom n’est connu de personne. Ce qui ne m’empêche pas de bégayer affreusement :
« M-Matsu… Matsumomo, euh non ! M-Matsumoto Ginger. En-enchanté, Tenamura-san… »

Les joues cramoisies, elle incline la tête avec politesse en le saluant. C’est le moment d’être irréprochable. Maintenant qu’elle a sorti une telle énormité, il est trop tard pour revenir en arrière et il va falloir jouer le rôle jusqu’au bout. Point primordial, le lancer sur un autre sujet. S’ils continuent à parler de leur « scolarité commune », sa couverture sera grillée en moins de temps qu’il n’en faut pour dire dunk. Il est donc vital de trouver dans les secondes qui viennent quelque chose qui puisse distraire son attention de ce terrain miné. Et pour une fois, Ginger a un éclair de génie. Elle tremble de peur rien qu’à l’idée de ce qu’elle va faire mais tant pis. Ca lui apprendra à mentir alors qu’elle n’est pas douée pour ça. Rassemblant toute son audace, elle désigne timidement le ballon de basket et demande d’une petite voix, plus ou moins sur le même ton que lui :

« Euh… V-vous, enfin tu pourrais… me montrer ? Si, si ç-ça ne te dérange pas, bien sûr… »
Et je ne sais trop par quel miracle, j’arrive à esquisser un petit sourire. Espérons que ça marche…
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 5 Sep - 11:59

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"Matsumoto... Matsumoto... non j'vois pas..."

Kenichi fouille dans les tréfonds de sa mémoire. Matsumoto Ginger... ça ne lui évoque rien. Absolument rien. Il a connu un Matsumoto pourtant, et voilà la seule piste à laquelle se raccrocher, même si des Matsumoto, il y en a des dizaines de milliers dans ce pays...

"Matsumoto... Ah ! J'connaissais un Matsumoto Kiyoshi ! Tu s'rais pas sa soeur des fois ? Matsumoto n'était pas dans ma classe mais il nous arrivait de nous retrouver après l'école sur le même terrain. T'étais dans quel lycée ? Daigaku* ?"

Curieux quand même qu'il est cette impression de l'avoir déjà vu cette nana. Un visage pareil, ça ne s'oublie pas. Alors s'il l'a déjà vue, comment se fait-il qu'il n'arrive pas à la resituer ? A moins que ça ne soit qu'une fausse impression. Parfois, certains visages ont quelque chose qui nous évoque une toute autre personne. Mais si c'est le cas, à qui peut-elle bien lui faire penser ? En effet, Kenichi n'est pas un adepte de musique pour adolescents, et n’achète jamais les journaux sur les stars. Mais il va souvent en kiosque pour s'acheter la tribune sportive, ou les quelques canards qui parlent de sport. Il n'en est pas conscient mais ça ne peut être que là qu'il a vu le visage de celle qui fut un jour l'idole de toute une génération. Peut-être a t-il même blagué avec un de ces copains sur la classe que ça devait être de sortir avec une fille comme ça. Mais ceci doit être si anecdotique que de là à s'en souvenir... c'est quasiment impossible. D'autant plus si la demoiselle brouille les pistes et détourne habilement la conversation comme maintenant !

« Euh… V-vous, enfin tu pourrais… me montrer ? Si, si ç-ça ne te dérange pas, bien sûr… »

"Au contraire !! J'adorerais te montrer mais, c'est con, on n'a plus de terrain !"

Raaa c'est rageant ! Si l'autre gland n'avais pas cédé la place... Kenichi regarde vers le terrain, toujours occupé par une ribambelle de mioches. L'idée d'aller les déloger lui traverse l'esprit avec insistance, mais il sait qu'il ne donnera pas une bonne opinion de lui à la fille qui l'accompagne. Car même si elle ne songe qu'à fuir, Ken au contraire ne cherche qu'à approfondir cette conversation et retarder le moment où il devra se séparer de cette charmante rencontre. Il sait qu'il est très mauvais dragueur et qu'il est même trop timide pour laisser supposer le moindre sentiment à qui que ce soit, mais s'il ne tente jamais sa chance de connaitre des nanas lorsque ça se présente, c'est sûr que ça n'avancera jamais. A moins qu'il ne tombe un jour sur une fille qui prenne les choses en main, mais dans ce pays, le temps de tomber sur une de ces raretés, il se pourrait bien qu'il n'est plus assez de dents pour profiter d'un tête à tête au restau !

Pour en revenir à nos moutons, Kenichi se mord la lèvre, cherchant un moyen d'exaucer le souhait de la photographe. Sur le sable, on ne peut ni dribbler, ni faire de shoot.La seule chose possible est de manier le ballon comme à l'entrainement lors de certains exercices. Le passer autour des jambes, autour de la taille ou de la tête à toute vitesse. Rien d'autre n'est possible sur un sol où le ballon ne peut pas rebondir. Pourtant, Kenichi ne se lance dans aucune démonstration de ce style.

"J'peux pas te montrer grand chose ici. Soit on attend que les mômes se tirent, soit on bouge. Soit... ça sera pour une autre fois." dit-il à contre cœur. Sa mine ennuyée ne laisse aucun doute sur sa déception de ne rien pouvoir faire ici. Pourtant, il tourne le regard vers elle, lui sourit, et lui dit :

"Tu sais attraper ?"

*:
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyLun 9 Sep - 21:37

Des grains de sable qui s’échouent sur mes chaussures et mon bonnet de laine torturé à pleines mains. Je n’ose même plus le regarder à la dérobée. A tout moment, je m’attends à ce qu’il se rende compte que je lui ai menti. Ça ne lui plaira pas du tout, c’est sûr. Et même si je ne le connais pas, sa réaction risque d’être bien sentie. Que ferai-je si c’est le cas ? Je détalerai, forcément. D’ailleurs je ne vois pas pourquoi j’attends, mieux vaut prendre de l’avance. Pourtant, je suis peu à peu étonnée qu’il ait l’air de ne se douter de rien. Je suis pourtant une piètre actrice, il lui suffirait de me regarder deux secondes pour s’en rendre compte. Mais non. Loin de me traiter de menteuse, il réfléchit et essaie de se rappeler si on s’est déjà croisé, dans ce collège d’Osaka où je n’ai jamais mis les pieds. Sous le coup de la surprise, j’oublie de détourner les yeux pendant qu’il se creuse la tête. Alors, ça voudrait dire qu’il m’a cru ? Il ne cherchera pas plus loin ? Sur le coup, je suis tellement soulagée que je suis sûre que mon soupir est audible, malgré tout mes efforts. Si bien que je suis de nouveau totalement prise de court lorsque Kenichi me repose une nouvelle bardée de questions. Avec un sursaut paniqué, je réponds à nouveau à la va-vite, et à nouveau je sors une aberration :
“Euh, n-non ! Sa… s-sa cousine ! Mais après, j’étais à… à Shinshu*, à Nagano. J-J’ai déménagé là-bas en... première année de lycée...”

Tendue comme un arc, Ginger essaie à toute force de calmer les battements de son coeur. Il ne manquerait plus qu’elle fasse une crise de panique alors qu’elle essaie de se tirer d’affaire. Au passage, elle se traite mentalement de tous les noms, dans un répertoire très fleuri qui déshonore quelque peu la langue de Shakespeare. Qu’est-ce qui lui a pris d’en rajouter une couche ? Elle est pourtant bien assez dans le pétrin sans qu’un nouveau mensonge ne la rapproche dangereusement du faux pas fatal. Mais pourquoi diable y avait-il un autre Matsumoto dans ce collège, aussi ? Entendre ce nom alors qu’elle se croyait sauvée lui a fait perdre le peu de calme qu’elle pensait avoir conservé. Il faut vraiment qu’elle se reprenne en main et qu’elle reste maîtresse de ses nerfs, sans quoi elle se retrouvera dresseuse de fauves au cirque du Soleil avant la fin de la discussion. Heureusement que sa diversion rattrape un peu le coup. Kenichi semble en effet très enthousiaste à l'idée de  lui montrer ses talents de basketteur. Si ce n’est qu’il n’a plus le terrain sous la main. Ginger se retourne et constate qu’une bande d’enfants galope joyeusement sur le béton ensablé, derrière une balle semblable à celle du jeune homme. Quel dommage… ceci dit, c’est peut-être le bon moment pour arrêter les frais et prendre congé. Le basketteur lui-même avoue à contrecœur qu’il faudrait remettre la démonstration à plus tard, ce qui n’est pas pour déplaire à la photographe. Elle fait un effort pour ne pas paraître trop ravie non plus mais il ne lui est pas trop difficile de masquer poliment sa déception :

“Ce n’est pas grave, c-c’était juste par curiosité. Je ne voudrais pas que tu t’embêtes avec ça et… pardon ?”
Un instant je reste figée, puis je rougis et me cache dans mes cheveux. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me sourie. Je n’aime pas quand les garçons sourient, ça leur donnerait presque l’air gentil même quand ils ne le sont pas. Je ne me laisse pas prendre au piège par ces choses-là, ça me fait peur. Mais il m’a posé une question alors il faut bien que je réponde. Même si je me demande bien pourquoi il veut savoir une telle chose...
“S-si je sais… attraper ? Euh, oui, enfin je suppose… m-mais je suis incapable de jouer ! Complètement incapable, c’est sûr ! Surtout avec un… en-enfin, avec vrai joueur…”

Derrière ses mèches de cheveux qu’elle secoue avec énergie pour clamer son incompétence, Ginger rougit encore plus si c’est possible. Même si c’était pour dire la vérité ce coup-ci, elle a bien failli parler trop vite, une fois encore. Ce serait insultant pour Kenichi de s’entendre dire qu’elle ne peut pas jouer avec un garçon. Jamais elle n’oserait avouer une telle chose. On s’est déjà suffisamment moqué d’elle à ce sujet et elle ne veut pas y penser, surtout pas. Parce qu’évidemment, s’il lui pose une telle question, c’est bien qu’il a l’intention de jouer avec elle, d’une façon ou d’une autre si ce n’est pas au basket. Et rien qu’à l’idée, la jeune femme sent des dizaines de sonnettes d’alarmes se déclencher dans sa tête. Et si jamais elle laisse échapper la balle ? Si elle n’arrive pas à la rattraper ? Si elle se la prend à nouveau sur le crâne ? Si jamais il lui reproche sa nullité, comme il n’a pas hésité à le faire avec ses coéquipiers ? Ou pire encore, si jamais il la touchait de nouveau par mégarde ? D’après ce qu’elle a entendu, Kenichi n’est pas du genre à faire dans la dentelle son ballon à la main. Bref, Ginger ne manque pas de scénarios catastrophes qui font trembler ses jambes repliées.

“J-je n’ai pas ton niveau… ça sera… s-sans doute très ennuyeux…”
Je maltraite à nouveau mon bonnet sous l'effet de la gêne, avant de me rendre compte que rien de ce que j'ai dit n'était un véritable refus...

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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 12 Sep - 7:31

Même si la charmante Ginger tente de se dérober à moitié en expliquant qu'elle ne pourra pas jouer, et que rattraper un ballon est bien l'extrême limite de ce qu'elle pense pouvoir faire, Kenichi se sent joyeux, car aux yeux de la jeune femme, il apparait comme un vrai joueur. La photographe ne se doute probablement pas à quel point elle est dans le vrai en disant cela, car elle a devant elle un joueur officiel du cinq majeur de l'équipe municipale. Certes, le prestige n'est pas encore très haut, mais son nom circule déjà dans les pages sportives de certains journaux spécialisés, et bientôt, il apparaitra dans le journal local, grâce à l'interview qu'il a donné à cette jeune journaliste. Ah ce qu'il aimerait s'en vanter et proclamer haut et fort qu'il sera bientôt l'un des plus célèbres joueur de la région, puis du pays si l'on patiente encore un peu. Mais il ne souhaite pas vendre la peau de l'ours tant que celui-ci galope encore sur ses pattes. De plus, il aimerait beaucoup que Ginger Matsumoto le découvre par elle-même un jour. Le plus tôt possible. Il aimerait vraiment faire perdurer ce moment afin d'avoir toute la légitimité de lui demander son numéro de téléphone, ou en apprendre un peu plus sur elle afin de la recroiser "tout à fait par hasard..." !

“J-je n’ai pas ton niveau… ça sera… s-sans doute très ennuyeux…”

"Non ! Pas du tout ! Et puis si tu n'essayes jamais, tu ne pourras pas savoir ce que tu vaux vraiment dans ce domaine. En tant que cousine de Matsumoto, un mec qui avait du génie pour les passes, je suis certain que je ne serai pas déçu par quelques échanges avec toi. Et puis, il y a un début à tout."

Keni attend quelques secondes, fixant la demoiselle en souriant, afin de vérifier qu'il a suffisamment bien argumenté pour qu'elle ne puisse plus se défiler. Il semblerait que la jeune femme cherche ses mots, et avant qu'elle n'en trouve, Kenichi recule de quelques pas et l’interromps dans ses réflexions muettes :

"Prête ?"

Ses mains se placent aussitôt sur le ballon de façon à le propulser vers la photographe, tout en douceur. Il vise droit et ne met aucun effet particulier dans le ballon. Un simple test, une mise en bouche, afin de sonder les réflexes de la jeune femme. Évidemment, il n'a pas pris en compte qu'elle tenait toujours son précieux Leica. Car pour lui, attraper ce genre de passe d'une main est un geste tout à fait naturel. Il ne se doute pas qu'une néophyte telle que Ginger n'a pas forcément les mêmes habitudes que lui et que ses co-équipiers.
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyJeu 12 Sep - 22:46

Il y tient et il insiste. J’ai beau chercher à toute force un argument imparable pour refuser, rien ne me vient. Les siens sont très convaincants et je n’arrive pas à le regarder dans les yeux quand il sourit, ce n’est pas ce qu’il y a de meilleur pour la confiance en soi. Je suis coincée. Je pourrais refuser et je suppose que quelqu’un de normal le ferait. Mais même si j’ai envie de partir, je n’ai pas le courage de dire non. Je triture nerveusement une mèche de mes cheveux en essayant de rassembler mes mots. Pourquoi faut-il que cet autre Matsumoto soit justement si doué en passes, je me le demande. Et pourquoi nous ai-je inventé un lien de parenté est aussi une excellente question...
“Ou-oui, mais… c’est-à-dire que… i-il ne m’a jamais appris à… Oh !”

Ginger sursaute quand il se relève. Elle qui avait presque réussi à oublier sa hauteur vertigineuse, elle se sent à nouveau toute chétive alors qu’elle se remet à son tour sur ses pieds en un bond maladroit. On n’a pas idée d’être aussi grand, vraiment. Ça ne va pas être possible, elle ne va pas pouvoir jouer contre lui, ou avec lui, ou n’importe quoi du genre. Mieux vaut s’en aller sans plus tarder. Mais Kenichi Tenamura est allé se placer quelques pas plus loin pendant qu’elle cherche un moyen de s’esquiver poliment et, son naturel cavalier reprenant visiblement le dessus, il lui demande si elle est prête avant d’envoyer la première passe presque immédiatement après la sommation. Le coeur de Ginger s’affole devant ce projectile qui arrive sur elle, bien décidé à voler sa place au Leica qu’elle n’a pas lâché. Fichtre !

“A-a-attends ! Ouh !”

Paniquée, je lâche mon appareil d’une main, me rends compte que la balle est bien trop grosse pour que je puisse l’attraper convenablement ainsi, m’affole, tend le bras par réflexe. Le ballon rebondit une première fois sur mon poignet, puis sur mon front (aïe !) et deux ou trois fois sur ma main de façon anarchique avant que j’arrive à l’immobiliser contre ma poitrine, plus ou moins par hasard. Un vrai génie des passes, le Matsumoto, disait-il. Il avait bien de la chance, lui. Les joues en feu, je bredouille quelque chose au sujet de mon appareil et m’empresse de le ranger dans sa sacoche. Au moins, je ne l’ai pas fait tomber. J’étais sans doute parfaitement ridicule mais c’est déjà ça. Je me remets d’aplomb, tenant le ballon à deux mains cette fois. Cette petite expérience devrait me suffire pour que je rende les armes et tourne les talons, si Kenichi lui-même n’est pas d’ores et déjà convaincu de mon incompétence. Pourtant, je ne le fais pas. C’est très bizarre, mais même si j’ai peur, même si j’ai honte et que mon scooter me semble un paradis lointain, j’ai envie de relancer ce ballon. J’en suis la première surprise mais c’est bien le cas. Je suis vraiment curieuse de voir ce que je pourrais valoir dans ce domaine, comme il le dit. De toute façon, je ne peux pas partir avec. Assurant ma prise, je le renvoie vers lui du mieux que je peux. Et bien évidemment, il part trop à gauche et pas assez haut. Bon… Je soupire, contrariée par moi-même.
“C-C’est vraiment pitoyable… Comment tu as fait p-pour placer les doigts ?”

Parce qu’elle se souvient maintenant qu’il y avait une différence entre leur deux prises. Et Ginger a envie de corriger son geste, d’en savoir un peu plus, comme à chaque fois qu’elle découvre quelque chose d’un tant soit peu intéressant. Et même si son professeur du jour est un homme qui lui fait peur, ça serait quand même plus gratifiant de quitter cette plage avec quelques rudiments de basket en poche en plus de jolies photos. Parce que mine de rien, c’est agréable d’en apprendre un peu tous les jours....
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyVen 13 Sep - 8:14

A peine le ballon a t-il quitté ses mains que Kenichi s’aperçoit qu'il va y avoir un nouveau problème avec l'appareil photo. Quel con ! Il aurait dû attendre qu'elle se libère les mains avant de... Mais non. Car la jeune femme s'en tire très bien. Malgré le Leica, malgré la surprise, elle parvient à attraper le ballon. Certes, l'arrêt n'est pas net, et il lui faut quelques secondes pour parvenir à le bloquer, mais elle n'a rien fait tomber. Ni le Leica, ni le ballon. Kenichi ouvre de grands yeux puis fait un large sourire.

"Hey ! Bien !" dit-il, sincère et enthousiaste.

Dans son esprit perturbé par le mensonge de Ginger, Kenichi est convaincu que les cousins Matsumoto avaient déjà dû jouer ensemble au basket. Ce qui lui offre une belle perspective avec cette fille là. Même si elle n'a pas l'air très à l'aise et qu'elle a l'air de ne pas savoir grand chose sur les règles du jeu (quand on ne sait pas combien il y a de joueurs sur le terrain, généralement, on ne connait pas le reste), elle a déjà dû toucher une balle. Pourtant, elle a l'air si peu convaincue par l'idée de faire quelques passes avec lui qu'il est très étonné de voir le ballon revenir vers lui. Malgré la trajectoire désaxée et trop basse, Kenichi parvient à l'attraper in extremis, grâce à ses réflexes. 

“C-C’est vraiment pitoyable… Comment tu as fait p-pour placer les doigts ?”

Décidément, elle n'a pas une très haute opinion de ses capacités. Bien sûr, Kenichi ne s'attendait pas à ce qu'elle soit une pro du ballon, mais elle a rattrapé une passe alors qu'elle n'était ni prête, ni disponible, et elle lui a renvoyé. Par instinct ? Par envie ? Par nécessité ? Quoiqu'il en soit, elle l'a envoyé plutôt que de la lui rapporter en marchant, signe que malgré ses tentatives de dérobade, elle est partante pour quelques essais. Ce qui remplit le basketteur de joie.

"C'est pas pitoyable. Tu manques de pratique c'est tout, c'est normal. Désolé pour la passe surprise, mais tu t'en es très bien tirée."

Kenichi avance de quelques pas vers elle, réduisant la distance entre eux à néant. Après tout, elle lui a posé une question et il se fait un devoir (et un plaisir) d'y répondre.

"Bon alors : C'est pas compliqué de trouver la bonne prise, mais faut chercher un peu. C'est un des plus gros ballon en sport. Il est assez lourd, alors ça ne se manipule pas de la même manière qu'un ballon de plage. Regarde."

Kenichi lui place le ballon entre les mains, et sans se rendre compte de ses gestes, il se place derrière elle et pose ses mains sur sur celles de la jeune femme.

"Si tu tires comme tout à l'heure, il part de traviole. C'est forcé. Mais si tu veux tirer droit, tu places tes mains comme ça, pour le propulser avec force et précision. Il suffit de trouver le bon équilibre. Il faut que tes doigts s'ouvrent pour couvrir une large surface, histoire de bien maitriser ta prise. Le dos de tes mains doit être vers ta poitrine."

Un petit blanc suit ces mots tout bêtes, car il vient de prendre conscience, tout simplement, qu'il parle à une femme et que forcément, le mot poitrine n'a pas tout à fait le même sens pour un homme que pour une femme.

"Et après tu donnes de la force par tes bras et tes doigts qui vont venir pousser le ballon de manière quasiment synchronisée. Prends appuie sur ta jambe aussi. Celle que tu préfères."
schéma:

Il lui fait faire le mouvement des bras au ralenti, l'aidant de ses mains. Puis il se dégage du dos de la jeune femme pour se placer en face d'elle.

"Vas-y essayes."
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyVen 13 Sep - 20:40

Je m’en suis bien tirée. Ah bon, vraiment ? Mes yeux s’arrondissent de surprise. Je ne pensais pas. En fait, je ne m’attendais surtout pas à ce qu’il me le dise. Lui qui est bien meilleur que moi et qui a bien failli ne pas rattraper ma passe minable, je pensais plutôt qu’il allait s’énerver ou se moquer de moi. C’était comme ça d’habitude, quand je n’arrivais pas à faire quelque chose… Mais Kenichi sourit toujours et il a même l’air agréablement surpris, alors je commence à me réjouir. De ne pas être si nulle que je pensais, et d’apprendre un peu le basket avec un inconnu sur la plage. Il faut qu’il arrête de sourire comme ça, ça m’empêche de me méfier correctement. C’est peut-être pour ça que je réagis avec deux secondes de retard lorsqu’il s’approche à nouveau, tout près de moi. Mon coeur part à toute allure dans ma poitrine, mes épaules se crispent et je dois faire un gros effort pour ne pas reculer à mesure qu’il avance. Mais pourquoi ai-je posé cette question stupide ? J’ai envie de m’enfuir à nouveau mais comme je ne peux pas faire ça, je me concentre de toutes mes forces sur ce qu’il dit pour ne pas penser à sa proximité. Ne pas penser qu’il me dépasse de plus d’une tête, que je peux voir son torse qui se soulève quand il respire, que ses mains immense n’ont qu’un geste à faire pour me toucher. Ce qu’elles font.
“Ah ! Non non, att… !”

Panique à bord. Ginger a le ballon depuis moins d’une seconde que Kenichi la contourne aussitôt pour poser ses mains sur les siennes et l’aider à bien assurer sa prise. Ce contact, plus violent qu’un choc électrique à ses yeux, jette un frisson insupportable sur sa peau à mesure que l’horrible sensation de saleté l’envahit de nouveau. Ses tremblements reprennent avec entrain et la seule chose qui l’enpêche de fuir cette fois, c’est la muraille du torse et des bras du jeune homme qui l’entoure de toute part, lui coupant toute retraite. Ses paupières se ferment pour ne pas voir plus longtemps le spectacle effrayant de ses paumes immenses posées sur ses mains minuscules en comparaison. Elle n’arrive presque plus à entendre ce qu’il dit, tant la peur et le dégoût la submergent, mais elle fait justement de nouveau un effort surhumain pour se concentrer sur ses mots. Si elle ne se concentre pas sur autre chose, elle va fondre en larmes ou paniquer plus encore. Les mains en équilibre autour du ballon, les doigts écartés pour couvrir plus de surface, les paumes vers l'extérieur (pourquoi cette pause d’un seule coup ? Il a remarqué qu’elle fait partie du clan des planches à pain ?), poussée synchronisée entre les bras et les doigts. Ça n’a pas l’air trop compliqué. Beaucoup plus simple que de supporter la chaleur de sa peau ou le parfum masculin qui s’en émane. Ça, c’est insoutenable.

“J-J’ai compris… lâ-lâche-moi, s’il te plait…”
Ce qu’il fait. Et je me rends compte que j’ai arrêté de respirer. Encore tremblante, j’essaie de reprendre le contrôle de mon souffle alors qu’il retourne se placer devant moi, et surtout de retenir mes larmes. C’est difficile. Ça fait deux fois qu’il me touche, deux fois que je ne peux pas me défendre. Pourquoi ? Il a bien vu que ça me gênait, il n’aurait pas chassé son coéquipier tout à l’heure, sinon. Ça l’amuse, c’est ça ? Pourtant il avait l’air gentil, je commençais à avoir moins peur. Je n’aurais pas du me fier à lui. C’est un garçon, après tout… Les mains toujours crispées sur le ballon, je m’efforce de placer mes doigts comme il me l’a conseillé malgré les fourmillements sur le dos de mes mains. Allez, lui renvoyer la balle, je peux encore le faire. D’une impulsion des bras, je fais une nouvelle tentative et effectivement, cette passe est plus droite et plus haute que la première, même si elle manque encore de puissance. Efficace, comme technique.
“Ah oui, c-c’est plus facile... comme ça…”

Pendant un instant, Ginger a presque l’impression qu’elle peut arriver à surmonter le traumatisme, grâce à ce tir un peu mieux réussi. Finalement, peut-être que ce n’est pas si grave, qu’elle peut s’en remettre et continuer à jouer sur la plage avec Kenichi… Et puis elle se souvient brutalement des hommes qui se piétinaient sur le devant de la scène en tendant le bras vers elle pour la toucher lorsqu’elle chantait, leurs mains frémissantes et leurs voix suppliantes qui appelaient son nom, et tout son courage l’abandonne. Non, c’est trop, elle ne peut pas. Et avant que le basketteur ait eu le temps de faire quoi que ce soit, elle tourne les talons en bredouillant :

“E-excuse-moi, je… j-je dois partir…”
Etouffée par la boule qui obstrue ma gorge, je ramasse la sacoche de mon Leica et marche à grand pas vers la jeter en frottant convulsivement le dos de mes mains. Pourvu, pourvu qu’il ne me suive pas...
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MessageSujet: Re: Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura]   Du papier dans le ciel [Kenichi Tenamura] EmptyLun 16 Sep - 6:16

Kenichi n'est pas idiot. Il a bien vu qu'il a provoqué quelque chose de violent à l’intérieur du corps de la jeune femme. Elle s'est presque refermée, comme une huitre lorsqu'il était derrière elle. Ses joues se sont tour à tour colorées, puis ont blêmit, ses lèvres ont tremblées, son menton aussi, mais ses yeux, bien qu'humides à un moment, n'ont rien versé. Kenichi ne comprend pas exactement ce qui s'est passé, mais elle a l'air d'aller un peu mieux lorsqu'elle lui renvoi le ballon. Ce n'est qu'une illusion. Car à peine a t-il réceptionné la passe qu'elle tourne les talons en emportant ses affaires, s'excusant de devoir s'en aller. 
Désemparé qu'elle lâche tout sans prévenir, sans lui laisser de coordonnées, Kenichi a un soudain sentiment d'abandon. Le même que le jour où son père a longé l'allée du jardin, sans se retourner sur ses enfants, pour ne plus jamais revenir. Ce sentiment qui vous coupe les jambes. Entre la stupéfaction et la fierté, Kenichi n'avait pas poursuivit ce père qui s'en allait. L'avait-il regretté ? Oui, sans doute. D'autant que sa crainte de l'abandon ne l'a plus jamais quitté depuis ce jour. Certes, il ne connait pas Ginger Matsumoto depuis plus de trois quarts d'heure, mais dans son esprit, c'est à peu près la même chose : on le laisse sur place, une nouvelle fois.

"Attends !" dit-il quelques secondes après qu'elle se soit mise en marche vers la jetée. Il la rattrape en quelques enjambées, mais pour lui dire quoi ? Tout ce qu'il sait, c'est qu'il ne veut pas la regarder s'éloigner sans tenter quelque chose pour la retenir, contrairement à son père. Ou trouver un moyen de la revoir.  Il cherche ses mots, marchant à ses côtés quelques instants, et il lui semble qu'elle accélère à ce moment là.

"Tu... attends ! ... Hey ! Tu vas où ?"

Sa maladresse ne trouve évidemment pas de réponse. Impuissant pour la stopper sans brutalité, il allonge le pas et tente de se mettre devant elle pour la faire s'arrêter, ou au moins ralentir. Il marche à reculons, il lui sourit, faisant tourner le ballon sur son index.

"T'auras envie qu'on se revoit ? ...Pour le basket. T'avais l'air de vouloir apprendre alors..."

Mais l'efficacité de cette tentative ne comble pas les attentes du sportif. Il sait qu'il ne pourra plus la suivre très longtemps avant qu'elle lui en intime l'ordre, aussi la laisse t-il le contourner. Il parle plus haut, des fois que le vent, la mer ou la distance qui ne va pas tarder de se creuser entre eux n'empêchent la jeune femme d'entendre les mots qu'il va dire :

"Tu demandes Tenamura Kenichi ! A l'omnisport de Kumano ! Si tu veux refaire quelques passes ! Ils te diront où me trouver. Oublie pas ! Tenamura Kenichi !"

Est-ce que cela suffira à la faire revenir vers lui ? C'est très incertain. Mais Ken ne peut pas la séquestrer pour son propre plaisir. A l'omnisport, les sportifs de haut niveau sont répertoriés pour avoir accès à la salle, aux vestiaires et au matériel. Si elle fait la démarche d'y aller, il sait qu'on lui qu'on lui donnera ses coordonnées pour peu qu'il en laisse la consigne au concierge. Ainsi, il lui laisse une piste à remonter, et une porte ouverte pour se revoir, car lui le souhaite vraiment.

"Et tu diras bonjour de ma part à ton cousin !"
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