Matsue Gakuen
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 "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil]

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Niku Amaya

Niku Amaya


Messages : 26
Date d'inscription : 11/08/2013

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MessageSujet: "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil]   "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil] EmptyVen 30 Aoû - 18:51

J'avais passé la nuit à bosser sur mon enquête au sujet d'une femme qui avait été retrouvé morte sur la plage de la ville. J'avais même été présent ce jour-là. Les autorités de l'ordre s'occupaient d'analyser quelques éléments et de discuter entre eux avec des termes que je ne comprenais pas toujours. Pour être honnête, ma présence n'était pas hasardeuse. J'étais là parce que j'avais senti quelque chose. C'était comme si je savais que la mort reposait quelque part dans cet endroit. Les ombres que je voyais quotidiennement m'avaient conduit jusque là. J'avais fait mine d'être un simple baladeur puisque les flics et les médecins étaient là bien avant. Je fus d'ailleurs attiré par le vacarme. Je m'étais approché de la scène en ressentant de multiples complexités: il y avait de la rage, une colère presque haineuse, de la peur, du sang. J'entendais les os se briser, j'entendais les cris de la victime dans mon imagination. Un homme normal aurait été accablé et ce serait écroulé sur le sol face à ces visions, face à ce qu'il n'était pas censé voir. Mais ce n'était pas mon cas, je me sentais bien comme jamais. Il n'y avait qu'à ces moments que je pouvais être heureux. En voyant enfin ce corps immobile j'eus comme une excitation: c'était la seule chose en ce monde qui me faisait sourire avec la plus grande sincérité dont un homme pouvait être capable. J'ignorais d'où me venait ces pulsions et peu importait. J'avais un métier qui me le permettait.

Quelques jours plus tard j'avais décidé de revenir là où j'avais ressenti toute cette joie. Je ne voulais pas le recevoir de nouveau mais il y avait un je-ne-sais-quoi en moi qui voulait me détruire. Revenir en ces lieux étaient une façon de briser davantage tout ce qui pouvait rester de humain en moi. Remarque j'avais bossé très dure sur cette affaire pour mon article. A côté de cela j'avais bien d'autres travaux à fournir, le travail de journaliste n'était pas de tout repos. Il fallait collecter des informations en masse, trier ces informations, y trouver un sens. Grâce à cela je voyais les défauts des autres. Non je n'étais pas le seul à savourer de la souffrance, à me sentir excitée par elle: les gens étaient tous comme moi. Ils n'aimaient pas agir, ils préféraient leur vie tranquille et cela au prix de la vie des autres. Cependant je n'étais pas du genre à rester sans bouger, même si la vision de la mort me ravissait, je ne me serais jamais permis de laisser cette femme mourir de façon aussi stupide.

Bref j'étais de nouveau là sur la plage. Elle avait été nettoyé de façon à ce que personne ne se doute que récemment un cadavre était là. Son fantôme vibra dans mon âme lorsque je pénétrai sur le sable. J'avais un sac à dos noir sur le dos rempli d'objets qui appartenaient à celle-ci. Qui se rendrait compte de leurs absences ? Je jetai le sac sur le sable, retirai mes chaussures et mes chaussettes afin de profiter de la douceur des petits grains jaunis. Je cherchai au fond de mes affaires une boîte à bijoux: c'était la sienne. Voilà à quoi j'avais choisi de réduire son existence. N'était-ce pas le plus bel élément qu'elle avait possédé dans sa vie ? Je l'imaginais s'oublier à travers la beauté, oublier la violence et cette vie qu'elle regrettait. Je ne savais rien d'elle mais c'était comme ça que je la voyais. Je m'approchai lentement de la mer, cette surface immense puis cela me fit penser à une citation de je ne savais plus qui:

- La mer est sans route, la mer est sans explication
, avais-je dit tout haut sans m'en rendre compte.

Pas de logique. Pas de compte à rendre. Elle engloutit tout comme un monstre affamé. Il n'y avait rien à comprendre d'elle: j'aimais cela. Je continuai d'avancer en divaguant. Mes visions reprirent: j'observais un décor d'horreur, des avions s'écrasaient, du sang coulait du ciel. Il pleuvait du sang. Je fermai les yeux. Les gouttes roulaient le long de mon visage puis soudain mes pieds, mes genoux, mes cuisses entrèrent peu à peu dans une masse rouge coagulable jusqu'à ce que mon corps entier soit imprégné. En ouvrant les yeux, je découvris que j'étais en réalité dans l'eau. Je brandis le coffret de bijoux vers le haut et la lançai aussi loin que possible. Après quelques minutes je sortis de cette immensité bleutée. Je pris une grande inspiration et vint m'asseoir sur le sable.

- Aaahhh une clope bien méritée !, dis-je en sortant le nécessaire de mon sac à dos.

Il n'y avait pas à dire je préférais le feu. Il était bien plus puissant, plus captivant. En fumant j'avais l'impression de pouvoir l'enfermer à l'intérieur de mon corps. Quel monstre je pouvais être. Et soudain je pris conscience que quelqu'un d'autre était déjà là pas loin de mon emplacement. Il s'agissait d'une femme: j'ignorais si elle avait vu toute la scène ou non. Enfin cela m'importait peu mais je tressaillis sous l'effet de la surprise. Je fumais en la regardant. Comme à mon habitude je ne souriais pas, j'avais plutôt l'air de quelqu'un à laisser de côté dans le royaume des déchets de la réalité.

- Pas très prudent une femme seule sur la plage. Ici...il peut arriver n'importe quoi, dis-je en m'adressant à cette inconnue.

Ce que je pouvais être bavard...
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Jeanne Dubreuil
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Jeanne Dubreuil


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Profession : Médecin urgentiste

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MessageSujet: Re: "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil]   "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil] EmptyMar 3 Sep - 13:57

Mon exploration de la ville ne fait que commencer. Quoi de plus naturel alors, qu'en ce jour, je décide de me rendre à la plage. Il y avait bien des années que je n'avais pas humé l'air marin. Pour cause, je n'aime pas vraiment "aller à la mer". Beaucoup trop de monde sur les plages, une ambiance trop familiale à mon goût. Sans compter cette immense étendue d'eau qui me donne toujours envie de partir. Un peu comme quand je vois une autoroute. Qu'importe où elle mène, et quelle direction je devrais prendre, du moment que je la prends.

Mais aujourd'hui, allez savoir, l'envie m'a prise d'aller faire un tour sur la plage. Une fois arrivée, j’enlève mes chaussures puis mes chaussettes pour marcher pieds nus sur le sable. Cette sensation d'agression... Comment l'expliquer ? Comme si le sable s'insinuait jusqu'au fin fond de ma personne. Oui, il y a un peu de ça. Cette sensation me dégoûte autant que je l'aime. Ce paradoxe me ressemble. En général, les sentiments que je ressens avec autant d'intensité sont toujours paradoxaux.

Étonnamment, il n'y a pas grand monde sur la plage aujourd'hui. Je m'approche de l'eau, avec lenteur. Comme si chaque pas me rapprochait un peu plus d'un gouffre. Je constate que je ne suis pas seule sur cette partie de la plage. Effectivement, un homme se tient devant moi. Il s'immerge progressivement dans l'eau, comme dans un état de transe. La première chose qui me vient à l'idée est un suicide. Qui aurait l'idée de se baigner à l'époque de l'année ? Qui plus, cet homme est entièrement habillé. Mon idée n'est donc pas si bête que ça.

Dans le doute, je m'installe sur la sable, pose mes chaussures et reste là à le regarder. Je ne suis pas une nageuse émérite alors je préférais qu'il n'aille pas plus loin. Finalement, je le regarde revenir sur le sable s'asseoir. Il ne semble pas m'avoir remarqué alors je regarde ailleurs. Je fouille dans l'une de mes poches et finis par l'imiter en fumant.

Finalement, son regard se tourne vers moi. Il me fixe quelques instants avant de finalement dire :

- Pas très prudent une femme seule sur la plage. Ici...il peut arriver n'importe quoi.

 - Il peut arriver n'importe quoi partout.

Ma remarque me semble juste. Et sa remarque me semble misogyne au possible. Qui a dis que parce que j'étais une femme, je ne savais pas me défendre ? Qui a dit que le mot faible trouvait son synonyme en la personne de la femme ? Tissu de conneries. Je continue de fumer en le regardant, hésitant entre la colère et la consternation.

 - Une pierre bien lancée en direction de votre tête quand vous étiez dans l'eau et vous mourriez noyé. Pas très prudent un homme seul dans l'eau.

Je tente à demi-mot de lui faire comprendre que sa remarque était déplacée.  
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Niku Amaya

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MessageSujet: Re: "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil]   "La mer est sans route..." [PV: Jeanne Dubreuil] EmptyMer 4 Sep - 20:22

- Une pierre bien lancée en direction de votre tête quand vous étiez dans l'eau et vous mourriez noyé. Pas très prudent un homme seul dans l'eau.

J'avais adoré sa réplique. Ce n'était pas qu'elle était bien trouvé mais j'imaginais déjà tout ce que le futur aurait pu prévoir. Un sourire s'afficha sur mes lèvres à tel point que je ne pouvais plus le faire tomber. Une envie de rire soudaine me prit. Je ne tins pas deux secondes sans laisser ce son rieur sortir de ma bouche: il avait un besoin irréversible de s'exprimer et l'étouffer ne m'aurait mener à rien. Voilà que je me tordais tout seul: rien que cette idée me plaisait. Me détruire moi ? Mais qu'attendez la Providence pour le faire ? Pourquoi cherchait-elle à me sauver, à me préserver dans ce monde auquel je n'appartenais pas ? Ma raison me disait de répondre "je n'attends que ça depuis la nuit des temps" mais je ne fis rien. Après m'être légèrement calmé je pris une nouvelle bouffée de cigarette. Je fermai les yeux et laissai la fumée s'échappait de mon visage dans sa plus grande splendeur. Ce n'était pas l'eau qui m'attirait. La seule chose qui valait la peine était le feu. S'il devait m'arriver un évènement je désirais plus que tout que cela se fasse dans les flammes les plus puissantes du monde. Je touchai ma cicatrice à cette pensée: ma marque fidèle, ma douce marque qui ne me quittera jamais. Bref, sans le savoir, celle-ci venait de faire un miracle: me faire rire.

Mon regard s'attarda de nouveau sur elle. J'aimais l'air sur son visage: je voyais comme une sorte de colère, ce n'en était pas, comment dire...C'était comme une crispation. Pourquoi le négatif de la réalité m'attirait tant ? Je ne comprenais pas ma propre fascination et pourtant elle était bien présente en moi. Tout devint de nouveau calme. On ne pouvait entendre que les vagues, le vent ou encore le léger souffle de nos bouffées. Puis je mis mon sac devant moi sortant d'autres objets aillant appartenu à la morte. Peu importe ce qu'elle allait penser de moi et de mes actions, je me levai et éparpillai ceux-ci un peu partout sur la plage. Le monde accepterait-il de préserver une partie de cette victime ? Morte au nom de la destruction humaine...

- C'est pas ce qui m'aurait le plus dérangé mais la mer a bien assez de cadavres en elle. Pour le moment elle n'en réclame pas d'autre puis aucune chance, le monde des morts ne veut pas de moi de suite. Alors je peux être seul autant de fois que je veux. Sinon c'est vrai que s'il devait vous arriver quelque chose je serais inutile à souhait, répondis-je avec neutralité.

J'avais souvent mon air neutre. Il n'y avait presque pas de ton qui animait mes paroles. J'avais conscience que j'avais presque l'apparence d'un monstre et qu'elle ne comprenait peut-être pas ce que je racontais. Peut-être se disait-elle que je sortais d'un asile de fou ? Dans tous les cas je marchais en rond puis m'installai à ma place initial avant de rétorquer de nouveau:

- Il y a quelques jours une femme a été retrouvé morte exactement dans ce coin de la plage. Une mort vraiment paradoxal, elle est morte d'avoir aimé un homme qui lui ne l'aimait qu'en la détruisant à petit feu. Au final sa vie n'est plus que ces objets éparpillés sur le sable, ajoutai-je comme si je parlais à quelqu'un que je connaissais depuis longtemps.

Je sortis mon portable de ma poche et démarrai sa capacité wifi. Je cherchai une quelconque musique sur youtube que je mis en route sans plus attendre une fois que je l'avais trouvé "REM - Man On The Moon":

https://www.youtube.com/watch?v=1hKSYgOGtos

- Ça c'était sa chanson préférée. Étrange hein ? Où trouver un sens dans tout ça ? Il n'y a aucune raison de chercher la moindre logique. Bref je me présente, Nike ! Et toi ?


Je désirai qu'elle continue à avoir ce visage crispé même si cela devait me faire un ennemi de plus. Ce n'était pas simple d'être seul. Me lier était un trop grand mystère, bien plus que ce que cette femme décédée avait laissé derrière elle. Je lui tendis une nouvelle cigarette à enchaîner après la sienne.
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